Dans "Entre onze heures et minuit", deux particularités forment les deux faces d'une même pièce, le bon et le mauvais, l'idée assez bonne et plutôt originale qui se trouve malheureusement contrebalancée par sa relative invraisemblance. Tout part d'une enquête de l'inspecteur interprété par Louis Jouvet (au visage anguleux toujours aussi figé et inquiétant), dans laquelle il tombe nez à nez avec un cadavre qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau. De fil en aiguille, d'un imbroglio l'autre, il se retrouvera dans la peau de feu Vidauban, le malfrat étrangement ressuscité, pour détricoter l'affaire de l'intérieur. On est dans le cinéma des années 40 et c'est assez novateur comme configuration, très clairement.


En revanche on peut regretter le peu de considération que Decoin a apporté à la construction de son intrigue basée sur l'apparition d'un doppelgänger que trop de personnages semblent accepter très facilement. L'inspecteur devient du jour au lendemain le chef d'une bande de malfaiteurs comme s'il y avait toujours été, comme s'il était capable de connaître l'élocution, les habitudes, les accointances et tout le reste de ce fameux Vidauban : c'est un ticket d'entrée un peu trop cher à accepter pour rentrer dans le sujet. Heureusement le film est parsemé d'autres particularités qui en font tout le charme, à commencer par ce défilé de mode dont les costumes sont baptisés à partir de romans célèbres.


Un semi-film noir qui nous embarque dans un récit largement tortueux, certes un peu mécanique dans ses changements de cap constants, avec toujours les bons indices qui arrivent au bon moment, mais qui reste à mes yeux un archétype intéressant du policier des 40s françaises, lorgnant du côté des 30s.

Créée

le 6 avr. 2021

Critique lue 236 fois

4 j'aime

4 commentaires

Morrinson

Écrit par

Critique lue 236 fois

4
4

D'autres avis sur Entre onze heures et minuit

Entre onze heures et minuit
Alligator
7

Critique de Entre onze heures et minuit par Alligator

Cela faisait si longtemps que je n'avais pas vu un film de Jouvet! La dernière fois, c'était Drôle de drame au Vigo ya bien quatre ou cinq ans! Et j'en avais oublié non pas sa voix mais son allure,...

le 26 déc. 2012

3 j'aime

Entre onze heures et minuit
greenwich
5

Entre onze heures et minuit (1948)

Il s'agit d'un film policier. Un inspecteur de police est le parfait sosie d'un bandit. Lorsque le bandit se fait descendre, l'inspecteur prend sa place pour mener l'enquête. L'histoire est...

le 15 avr. 2014

1 j'aime

Entre onze heures et minuit
michel13012
8

jouvet au meilleur

cet acteur au talent immense, porte ce film policier de 1949. le scénario original, lui fait jouer aussi bien le flic que le voyou. les dialogues,bourrés d'humour,sont la marque d'une époque. une...

le 12 sept. 2020

Du même critique

Boyhood
Morrinson
5

Boyhood, chronique d'une désillusion

Ceci n'est pas vraiment une critique, mais je n'ai pas trouvé le bouton "Écrire la chronique d'une désillusion" sur SC. Une question me hante depuis que les lumières se sont rallumées. Comment...

le 20 juil. 2014

142 j'aime

54

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

138 j'aime

21

Her
Morrinson
9

Her

Her est un film américain réalisé par Spike Jonze, sorti aux États-Unis en 2013 et prévu en France pour le 19 mars 2014. Plutôt que de définir cette œuvre comme une "comédie de science-fiction", je...

le 8 mars 2014

125 j'aime

11