Lorsqu'on contemple l'univers vampirique de ces dernières années, on pourrait presque reprocher cette adaptation à Neil Jordan. Bien sûr, Francis Ford Coppola avait ressuscité deux ans auparavant tout le romantisme d'un Dracula mais il avait su conserver (et de quelle manière) certains aspects monstrueux du mythe.
Ici, pas de transformations spectaculaires ou de visions répulsives : l'arme la plus létale du non-mort est la séduction. Si Bram Stoker avait recours au procédé épistolaire et s'intéressait aux mortels, c'est dans le dialogue et la philosophie que se racontent les protagonistes immortels d'Entretien avec un vampire.
Cette adaptation réussie du roman d'Anne Rice transpire littéralement d'un parfum capiteux et sensuel. Et le mérite n'en revient pas uniquement à ses magnétiques et magnifiques interprètes (Tom Cruise relève une fois de plus un défi improbable en se révélant à la fois drôle et cruel tandis que Stephen Rea incarne à lui seul la vieille épouvante que suscitent les créatures de la nuit). S'appuyant intelligemment sur le travail de l'auteur, le réalisateur signe une fresque désespérément belle et mordante.