La diva et le baron de la drogue

En cette période creuse dû au déferlement Avengers : Infinity War sur nos écrans, j'en profite pour me faire des séances de rattrapage. Escobar semblait avoir un potentiel intéressant, avec Javier Bardem dans le rôle titre. Cette nouvelle adaptation sur Pablo Escobar, va-t'elle être aussi passionnante que celle de la série Narcos version Wagner Moura, où décevante comme Paradise Lost avec Benicio Del Toro.


Contrairement à ce que le titre et l'affiche laissait penser, ce n'est pas un film sur Pablo Escobar (Javier Bardem), mais sur sa relation avec une journaliste et présentatrice de télévision, Virginia Vallejo (Penélope Cruz). D'ailleurs, si on fait le tour des affiches étrangères, on peut constater que son titre original est Loving Pablo, ce qui change totalement la perception du film. Rien de bien grave, mais c'est un peu de la publicité mensongère. C'est donc sous un angle différent que l'on va découvrir un Pablo Escobar au sommet de sa gloire et qui vient de fonder le cartel de Medellín.


Au début, la romance a une grande place au sein de l'histoire. On découvre l'univers de Pablo Escobar à travers les yeux de Virginia Vallejo. Puis, elle continue de nous narrer ses actions, en voix-off. Tout d'abord, elle est sous le charme de cet homme puissant et charismatique, qui construit des maisons pour ceux qui vivent dans les bidonvilles. Mais la face sombre du personnage, ne va pas tarder à faire son apparition. Dès ce moment-là, le film alterne les scènes de violence et les dîners entre Pablo et Virginia, qui vont basculer doucement dans l'horreur. La réalité des exactions de Pablo, va rattraper le couple d'amants et détruire la vie de la jeune femme.


Le film souffre de la tendance au cabotinage du couple Penélope Cruz et Javier Bardem, mais aussi de la mise en scène de Fernando leon de Aranoa. Celle-ci va se révéler académique et ne va pas prendre la pleine mesure de la démesure de son personnage principal. Le duo de stars va éclipser les autres personnages, auxquels on ne donne pas le temps d'exister et finissant par faire tapisserie. Certes, Javier Bardem se montre parfois monstrueusement effrayant, surtout lors du dîner où il offre un revolver à Penélope Cruz, en lui expliquant la raison de ce présent. Mais aussi touchant, en voulant offrir une glace à sa fille, alors qu'il est dans sa prison dorée. Là où le bât blesse, c'est lorsque le ton monte entre eux. Dans ces moments-là, on a l'impression d'assister à un concours de celui qui en fera des caisses et à ce jeu-là, ils sont plutôt doués et finissent par arracher des rires, alors que les moments sont dramatiques. Mais force est de constater que l'actrice surpasse son mari, dans ce domaine. Dès le début, elle agace de par son côté bimbo. Certes, c'est le personnage qui veut cela, mais elle continue d'être exaspérante avec son accent tapant sur le système et son jeu outrancier qui, là encore, arrache des sourires. On se retrouve à n'avoir aucune empathie pour elle, en se disant qu'elle n'a que ce qu'elle mérite. Elle fait sa vénale et finit par en payer le prix. La logique est respectée, tout va bien.


La comparaison avec Narcos est inévitable. Dorénavant, la série se dresse en maître étalon, dès qu'une oeuvre tente de raconter la vie de Pablo Escobar. Elle avait l'avantage d'avoir le temps de développer les différents personnages interprétés par d'excellents acteurs avec en tête Pedro Pascal et Wagner Moura, de mettre en place les multiples enjeux et d'être bien mise en scène, particulièrement lorsque José Padihla était derrière la caméra. Escobar ne se concentre que sur son couple de stars, mais prend le temps de livrer quelques scènes d'actions efficace. Sauf, qu'on connait le déroulement et leurs issues, si on a regardé Narcos. L'histoire étant réelle, on ne peut jouer avec eux et modifier les événements. Finalement, le film n'est qu'un moyen pour Javier Bardem; également producteur; de se retrouver dans la peau de Pablo Escobar, en espérant épater les spectateurs, qui se donneront la peine d'assister à cette adaptation peu convaincante du livre de Virginia Vallejo.


On attend toujours le film sur Pablo Escobar, racontant son ascension, puis sa chute, à travers un biopic aussi sombre que le personnage. Prochainement, on va pouvoir se consoler avec la saison 4 de Narcos, même si ce sale porc sanguinaire n'est plus de la partie.

easy2fly
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le 8 mai 2018

Critique lue 241 fois

Laurent Doe

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