Peut être que nous sommes tous, ou avons tous été amoureux d'une Idée. Cette Idée, pour un peu l'expliquer, serait la projection de nos désirs sur la personne que nous voulons aimer. Ou que nous aimons. C'est façonner une identité à la personne désirée ou aimer, sans forcément lui donner une image juste. L'Idée serait alors issue de nos fantasmes, et certains se raccrochent pendant des années à cette Idée, sans jamais parvenir à se détacher d'Elle.


Ainsi donc, voici deux personnes dont l'une d'elle était amoureuse d'une Idée. S'ensuit la jalousie, la possessivité, la volonté d’être libre, l’égoïsme venant des deux cotés. Car on pense toujours que celui qui est égoïste est celui qui veut partir, mais on oublie qu'en face, celui qui retient est d'autant plus égoïste.


L'idée justement, serait de ne pas s'attacher à une Idée, mais d'aimer la personne pour ce qu'elle est. Qu'il serait plus préférable de laisser de l'espace pour l'un et l'autre, afin de pouvoir grandir ensemble, et s’élever. Mais avons nous la force nécessaire pour lâcher complètement prise, sans avoir peur de l'abandon, ou sans se sentir abandonné ? Avons nous cette force de pouvoir vivre l'instant présent, sans se faire d'idée sur le reste, ni sur la personne, se fondre en elle, juste un instant, et essayer de la comprendre, même dans son silence ? Avons nous la force de pouvoir sortir de soi, pour aller vers l'autre, et ainsi voir réellement le joyau que l'autre peut être ?


Et prendre tout ce qui est à prendre, et faire fi du reste ?


L'amour ne devrait être que don de soi, désintéressé qui plus est. Un don à l'autre, pour l'autre, pour faire du bien. Comme un sourire envoyé à son prochain, une main tendue pour venir en aide sans attendre rien en retour, même pas un merci, c'est peut être ça l'amour, c'est aimer sans attendre qu'on nous aime, c'est vouloir le bien sans le réclamer, c'est donner sans se sentir gaspiller.


Mais parce que nous sommes des êtres faibles, notre façon d'aimer n'est pas toujours noble, et dans cet amour qui lui se veut noble, il y a des immondices, comme la colère, le ressentiment, la frustration, la jalousie, le mépris, et ainsi de suite.


Alors, on s'attache, à des Idées, souvent reçues, par notre fausse perception des choses, on n'est pas assez juste envers l'autre, on le maquille et l'habille comme pour un défilé de mode, sauf que là, on s'aveugle soi même, sans forcément voir qu'on s'aveugle, on lui donne des bonnes intentions, on lui dessine des beaux traits, on se satisfait de notre œuvre. On ne voit pas l'envers du décor, au final, on se retrouve coincé dans cette fausse image, et puis on s'effondre lorsque celle ci demande à partir. Car l'éphémérité de la vie n'est absolument pas injuste, au contraire, elle fait partie de la vie, et tout est une question de temps, avant que tout disparaisse.


Une seconde peut devenir éternelle, tandis que 10 ans de vie commune peuvent s'effacer en un soupir. Fin du game, retour à la case départ.


Mais la case départ n'est jamais celle que l'on croit. Car la case départ, même si l'on y revient, on y revient souvent changé. Souvent évolué. On sent notre avancée, même si on revient à ce qu'on est, car c'est un peu ça l'idée, c'est revenir à ce qu'on est, c'est se préciser de plus en plus, revenir en boucle, même si on fait des erreurs milles fois, c'est comprendre l'erreur qu'on a faite, et même si on la refait, c'est apprendre la patience, mais surtout à se pardonner.


Au final, lorsqu'on est amoureux d'une Idée, l'idée derrière est toujours de nous ramener à nous même, et à ce qu'on souhaite pour nous. Aimer avec justesse et précision, ou aimer un masque faux ? Telle est la question.

KhadidjaSid
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le 19 juil. 2020

Critique lue 307 fois

Khadidja Sid

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