Passé le synopsis et la bande-annonce qui refroidissent, on peut enfin se lover dans le fauteuil rouge d'une salle climatisée pour voir un film sur des types qui grimpent le plus haut sommet du monde. Commençant comme un vulgaire film catastrophe avec des héros américains, on découvre finalement un tout autre fond.
Le réalisateur islandais Baltasar Kormákur (2 Guns, 2013) tourne cette expédition touristique inspirée de faits réels comme un documentaire. Il y a très peu de lyrisme et le travail des guides est plutôt détaillé. On y croit vraiment. Surtout que les images de nature sont magnifiques. Ça pourrait faire rêver si seulement cette montagne n'était pas si dangereuse. Et si haute, soyons honnête.
Dans les années 1990, de nombreux alpinistes amateurs payaient des fortunes pour sautiller au sommer de l'Everest. Oui mais voilà, à force d'avoir de plus en plus de touristes, la sécurité s'en est trouvé affaiblie. C'est bien ce que redoute Rob Hall, fondateur d'Adventure Consultants comme son concurrent direct Scott Fisher. Les deux vont d'ailleurs vite faire équipe pour permettre à leurs riches clients (65000$ la grimpette) d'attendre le sommet et redescendre en vie. C'est quand même plus sympa. Seulement, on peut regretter que ce côté critique n'ait pas été davantage creusé mais au moins il est évoqué. La suite est une ascension lente vers l'Everest avec tous les dangers que cela implique. Tout l'intérêt du film réside évidemment dans le suspense, la peur de voir un personnage glisser ou tomber. On est souvent tendu et concerné par le sort de ces aventuriers aux combinaison North Face. Et ça, c'est surtout grâce au casting efficace et accrocheur.
J'entends déjà toutes les demoiselles crier le nom de Jake Gyllenhaal. Oui bon. On le voit pas souvent mais il campe un personnage -Scott Fisher- plutôt antipathique et je-m'en-foutiste à souhait. Il passe le plus clair de son temps à picoler allongé sur des cailloux. Moins sexy hein ?
Nan, le vrai patron ici c'est Jason Clarke qui interprète le célèbre alpiniste néo-zélandais Rob Hall. Un pur produit des années 1980-1990 avec des lunettes pas possibles et des pantalons rose-bleu-vert façon combinaison de ski de tonton Félix qui s'est cassé la patte sur une piste bleue le premier jour. Figure généreuse et concerné, il est attachant et on se soucie comme lui de ses clients qu'ils soient timide et malade comme Doug ou de gros blaireaux comme Beck (joué par Josh Brolin). On croise également Keira Knightley, femme enceinte sans forme de Rob Hall, qui apparaît de temps en temps comme Sam Worthington qui ne sert à rien. Il en faut bien un.
Vertigineux et ascensionnel, Everest prend lentement de la hauteur comme notre tension qui se glace au fur et à mesure que le film avance. C'est une histoire simple et efficace qui se trouve sublimée par un réalisateur venu du froid, amateur de belles images.