Premier long métrage de Sam Raimi, réalisé avec les quelques deniers que lui avait rapporté l'un de ses courts métrages, Evil dead porte la marque de fabrique des films fauchés mais inspirés. On y sent une motivation de tous les instants pour expérimenter visuellement parlant, peu importe comment. C'est donc en usant de toute son ingéniosité que le réalisateur va mettre sur pied ces ambiances si craspecs propres à l'une des désormais références du genre horrifique. Et si cette dernière a quelque peu subi les foudres du temps, on comprend quand même aisément son statut.

Impossible en effet d'attaquer Evil Dead sur sa forme qui encore plus de 30 ans après sa création continue de gentiment nous faire frissonner. Alors, oui, depuis, les effets spéciaux ont envahi les salles, oui, des corps en décomposition semblent maintenant à l'image des plus réalistes, mais ils ont perdu ce côté authentique, cette saveur qui imprégnait les films d'horreur old school, où la puissance d'un bon maquillage jouait le rôle des fermes de rendu. Et si Evil dead fonctionne encore aujourd'hui, c'est qu'il est justement porté par ce côté amateur qui lui sied si bien. Attention, qu'on ne se méprenne pas, le film est certes marqué par des effets spéciaux un peu vieillissant, mais il est toujours terriblement flatteur pour nos rétines. Le coup d'oeil qui habite le futur auteur d'un plan simple était déjà bien affûté. Pour preuve toutes ses idées de mise en scène qui font mouche à l'écran, de cette contre plongée entre les lattes d'un escalier qui ne laisse entrevoir que le visage du fougueux Bruce Campbell aux travelling ras du sol pour nous faire découvrir les posséder en passant par un viol végétal complètement hallucinant, le jeune réalisateur ne manquait alors pas de ressources.

Il n'y aura finalement que le casting qui viendra s'ajouter au rang des petites faiblesses du film. Les acteurs sont tous plus ou moins débutants et ça se sent beaucoup à l'image, d'autant plus lorsqu'ils jouent les démons. Mais qu'importe, si Evil Dead nous reste en tête comme un super souvenir, c'est avant tout pour cette créativité sans faille qu'il arbore. Peu importe qu'il soit un peu cheap par moment, que sa galerie de personnages nous semble un peu lointaine, il touche en plein coeur tout fan de film horrifique dès qu'il l'embarque pour des prises de vue complètement folles jamais vues ailleurs et des ambiances glauques à souhait qui naviguent avec facilité entre tension naissante et comédie noire.
oso
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le 20 févr. 2014

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