Certains aiment à dire que Ridley Scott a perdu de sa superbe, comme peut en témoigner sa filmographie récente ; j'abonde aussi en ce sens bien que n'étant pas aussi tranchant (Prometheus m'avait séduit après tout), et ne conspuais pas (ni ne misais) d'avance (sur) son dernier film en date : Exodus.


En soi, une version épique tenant du blockbuster de l'Exode constituait un projet plutôt alléchant, et le célèbre cinéaste s'était déjà essayé au genre du péplum avec succès, alors pourquoi pas ?


Si le scepticisme restait de mise, cela découlait davantage de mon peu d'intérêt pour tout ce qui touchait aux récits bibliques à la véracité sujette à débat, mais Exodus avait l'avantage de m'entraîner en terrain inconnu... sauf qu'un certain Prince d'Egypte était déjà passé par là !


Toutefois, la comparaison serait malhabile dans la mesure où je ne garde que de vagues souvenirs de ce dessin animé Dreamworks, et puis bon, les grosses productions américaines ont toujours tendance à se réapproprier l'Histoire pour satisfaire leurs besoins blockbusteresques (pardonnez le barbarisme), alors... trêve de tergiversations.


Si l'on excepte une 3D comme dans la majorité des cas trop peu utile, Exodus s'est avéré être un divertissement somme toute plaisant : on ne voit pas vraiment le temps passer (sauf cette maudite entracte), Christian Bale assure en tête d'affiche et le spectacle est visuellement probant.


Néanmoins, bien des détails viennent gâcher les chances de réussite du long-métrage, celui-ci arborant notamment un cheminement scénaristique quelque peu inconsistant : si la trame est de base intéressante, l'évolution de Moïse ne convainc qu'à moitié car truffé de facilités, l'intrigue s'opérant au moyens de mauvais choix allant en ce sens.


Je pense notamment à la découverte de ses origines, accouchant d'une séquence maladroite dans laquelle Ramsès découvre finalement la supercherie (enfin ce n'est pas très clair, lui-même n'est pas sûr, bien qu'il ait failli amputer quelqu'un pour s'en assurer de façon étrange) ; ce dernier, bien que central, n'est d'ailleurs pas toujours crédible, le jeu de Joel Edgerton ne m'ayant guère transporté.


En fait, seul le personnage de Moïse s'avère un tant soit peu satisfaisant, mais il n'a que peu de mérite dans la mesure où la totalité des personnages secondaires ne bénéficient d'aucun développement tangible... ce qui est d'autant plus dommage qu'Exodus se payait le luxe d'afficher aux côtés de Bale de sacrées figures (Sigourney Weaver et Ben Kingsley pour ne citer qu'eux).


Bref, on tique pas mal fort de ces quelques maladresses parsemant le long-métrage, et ce n'est pas la vision audacieuse et étonnante de Dieu (ou de son messager) qui va arranger les choses ; malgré tout, le périple de Moïse nous captive de son mieux, à l'image des célèbres dix plaies qui impressionnent visuellement.


Le dénouement a en tous cas le mérite d'abonder en ce sens, où l'on retrouve le ton épique ayant composé la première bataille (bien que franchement téléphonée), ce qui vient contrebalancer en partie un énième point faible propre à Exodus... à savoir une carence en termes d'authenticité et d'intensité (ambiance fluctuante).


En résume, Ridley Scott se fend là d'un divertissement globalement sympathique mais trop peu enthousiasmant pour marquer, un visionnage se suffira donc à lui-même.

NiERONiMO
5
Écrit par

Créée

le 14 janv. 2015

Critique lue 229 fois

1 j'aime

NiERONiMO

Écrit par

Critique lue 229 fois

1

D'autres avis sur Exodus - Gods and Kings

Exodus - Gods and Kings
Docteur_Jivago
8

Plaies intérieures

Après Cecil B. DeMille, c'est au tour de Ridley Scott de s'attaquer à la vie de Moïse et notamment la façon dont il a conduit les hébreux hors d'Égypte et, de sa jeunesse comme prince jusqu'à...

le 26 déc. 2014

51 j'aime

24

Exodus - Gods and Kings
ltschaffer
9

Des Hommes et des Dieux

"Notre sujet est inhabituel", nous adressait Cecil B. DeMille dans l'aparté introductif de son auto-remake des Dix Commandements. Et pour cause, le périple biblique de Moïse n'a réellement été adapté...

le 9 déc. 2014

50 j'aime

19

Exodus - Gods and Kings
SanFelice
8

Moïse, clochard céleste

Ridley Scott a une certaine capacité à me surprendre. Chaque fois qu'il paraît être en perte de vitesse, complètement perdu, n'arrivant plus à exploiter son talent dans un filon qu'il semble avoir...

le 9 mars 2015

41 j'aime

5

Du même critique

The Big Lebowski
NiERONiMO
5

Ce n'est clairement pas le chef d'oeuvre annoncé...

Voilà un film qui m’aura longuement tenté, pour finalement me laisser perplexe au possible ; beaucoup le décrivent comme cultissime, et je pense que l’on peut leur donner raison. Reste que je ne...

le 16 déc. 2014

33 j'aime

Le Visiteur du futur
NiERONiMO
7

Passé et futur toujours en lice

Un peu comme Kaamelott avant lui, le portage du Visiteur du futur sur grand écran se frottait à l’éternel challenge des aficionados pleins d’attente : et, de l’autre côté de l’échiquier, les...

le 22 août 2022

29 j'aime

Snatch - Tu braques ou tu raques
NiERONiMO
9

Jubilatoire...

Titre référence de Guy Ritchie, qui signa là un film culte, Snatch est un thriller au ton profondément humoristique ; le mélange d’humour noir à un scénario malin et bien mené convainc grandement,...

le 15 déc. 2014

18 j'aime

3