Ridley Scott revient au péplum. Un genre qui, avec la science-fiction, lui sied parfaitement. Pour le pire lors les croisades avec Kingdom of Heaven comme pour le meilleur dans l'arène avec Gladiator.


Bien que le cinéaste aime toucher à tous les gens, le blockbuster reste son pêcher mignon. Hélas depuis quinze ans et son triomphe aux oscars avec Gladiator, le réalisateur n'a pas su retrouver son souffle d'antan. Pour le spectaculaire, rien de mieux que d'aller piocher un épisode dans la Bible plutôt qu'un livre d'Histoire. Après la Genèse par Aronofsky, Ridley Scott poursuit le Pentateuque avec l'Exode. Énième adaptation de la légende de Moïse. Et paradoxalement, le cinéaste tient à éviter tout spectaculaire.
Est-ce le geste d'un chrétien qui s'évertue à croire en la plausibilité des récits de la Bible, ou la parole d'un laïque qui refuse de croire aux grandiloquences du livre sacré ? Quoiqu'il en soit l'idée est tout en son honneur et fait de son Exodus, une adaptation malgré tout originale. Le faiseur d'images qu'est Ridley Scott n'avait pas besoin d'extravagances pour mettre joliment en scène les différents supplices accordés au peuple égyptien, auquel il tient à donner une explication rationnelle. La scène de la mer Rouge est symptomatique. Au lieu d'être séparée en deux, ce n'est qu'un courant qui laisse le passage aux hébreux. Ridley Scott laisse de côté toute extravagance (façon Dix Commandements de Cecil B. DeMille) sans détruire le spectaculaire. Ici, Dieu n'est pas une voix sortie du ciel mais un enfant. Judicieuse idée. Tel un enfant maladroit, Dieu qui a déjà effacé ses erreurs avec un Déluge, le voilà obligé d'intervenir de nouveau pour libérer son peuple opprimé.

La seconde partie fantastique d'Exodus et la lecture biblique intéressant de Ridley Scott sauve une première partie en forme de catastrophe annoncée. 2H31, c'est long. Mais ce n'est rien à côté des 3h40 du film de Cecil B. DeMille. La première partie du film est expédiée comme si le réalisateur se contentait de mettre en image une histoire que tout le monde connaît déjà. La relation ambiguë et la rivalité entre les deux frères est à peine esquissée, alors qu'elle est le sel de cette histoire. Paradoxalement c'est dans la première partie que l'extravagance prime. Il suffit de regarder le maquillage outrancier de John Turturro ou le charisme d’huître de celui qui incarne Ramsès. En snobant cette première partie fondamentale, Exodus n'est plus qu'un bon divertissement, intéressant, sans jamais transcender cet épisode biblique majeur.


Retour une nouvelle fois en demi-teinte pour Ridley Scott. Exodus aurait gagné s'inspirer d'Interstellar pour éviter une surcharge numérique parfois indigeste.
JimAriz
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le 15 janv. 2015

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