Expendables : Unité spéciale par loval
La fascination et l'impatience qu'avaient dressé l'annonce et les premières images de "The Expendables", le projet ultime, n'ont d'égal que la déception résultant de cette projection tant fantasmée. Oui, le nouveau film de Sylvester Stallone déçoit. Non que le film ne soit foncièrement raté, puisqu'il compte ses séquences de bravoure, mais il aurait pu, avec son potentiel, atteindre les cimes du 7ème art bourrin et orgasmique. En l'état, Stallone ne nous fournit qu'un divertissement bête qui ne satisfait pas vraiment.
Le scénario. Un bien grand mot pour un projet tel que celui de "The Expendables"; l'on parlerait plus volontiers de lubrifiant à scènes d'actions qui suintent bon la testostérone. Ici, on prétexte la défense d'idéaux révolutionnaires, la libération d'un peuple sous la dictature d'hommes avides et cupides. En bref, la belle excuse pour les gros bras à balancer les explosifs et à cracher les balles. Jusque-là, pas de problème, on est là pour ça. Mais le problème est que Stallone a voulu apporter une vraie part d'émotions et de crédibilité à cette histoire qui, évidemment, n'est jamais percutante, empêchant même le feu de vraiment tiser. Pourquoi ne pas avoir, à la place, creusé les vies personnelles de cette unité spéciale, comme brièvement entamé avec le personnage de Jason Statham (clairement celui qui s'en sort le mieux) et ces scènes avec la trop rare Charisma Carpenter? La rage vengeresse aurait pu être une vraie thématique – que dis-je, une vraie excuse – pour virer dans la campagne de mort absolue. De plus, l'avalanche de (sous-)personnages qu'apportent tous ces grands noms du cinéma d'action (et du catch), dont le besoin de les citer une nouvelle fois est nul tant les slogans publicitaires excellent à ce sujet, posent un problème à propos de leur part respectable à l'écran. En effet, l'exploit de telles présences simultanées nécessite inévitablement une répartition des apparitions, et l'on ressent trop la volonté des scénaristes à distribuer leur temps de façon égale – ce qu'ils n'arriveront malheureusement pas à atteindre, laissant quelques personnages sur le carreau, voire grossièrement traité (pauvre Dolph Lundgren...).
Un autre vrai problème réside dans la mise en scène de l'action, une terrible déception étant donné l'efficacité à laquelle nous avait habitué Stallone avec "John Rambo". Bien qu'on nous offre quelques plans dynamiques, le tout manque réellement d'efficacité, notamment dans son découpage géographique, et surtout à cause d'un montage sur-découpé qui, lors des séquences nocturnes, perd encore en plus en visibilité et en compréhension. Quand l'on voit les productions thaïlandaises actuelles ("Ong Bak", "L'Honneur du Dragon"), l'on se dit que les gros bras américains pourraient s'inspirer de l'énergie et de la violence dégagées par ces combats, hautement plus impressionnants que ceux que la bande à Stallone propose. De plus, ce dernier use et abuse de CGI pour ses effets gores, tels que ces nombreux démembrements, qui perdent toute crédibilité à la vue du résultat salement synthétique. En outre, comble du comble, l'avalanche d'explosifs finit même par écoeurer, tant la surenchère se déroule sur une partie de l'action qui n'avait pas spécialement besoin d'abusivement s'éterniser – bien que l'attaque de nuit se passe en pleine nuit, la quantité exagérée d'explosions pourrait nous faire croire que la séquence se déroule dans la journée.
Mais malgré tout ceci, le plaisir, parfois fugace, est là. Stallone et ses copains offrent tout de même quelques passages jubilatoires, comme cette scène à l'église à apparitions surprises fort plaisantes, d'ores et déjà mythique. Les dialogues et blagues éminemment bêtes et outranciers, qui sentent bon les films d'action des années 80, déclenchent le sourire, bien qu'ils puissent paraître parfois un peu trop imposés. L'action propose quelques combats excitants, notamment grâce à ces quelques plans originaux et à des combats réjouissants, aux opposants aussi improbables que jouissifs. Notons également l'arme totalement démesurée de Terry Crews qui fournit des plans d'impact d'une rare violence, pour le plus grand plaisir de nos mirettes. Ces éclats de bonheur fournissent donc les quelques étincelles de la fournaise qu'aurait pu être "The Expendables"; une montagne décomplexée qui ne cherche pas à justifier ses excès et qui soigne ses scènes d'action. En l'état, on devra se contenter d'un divertissement correct et de cette sale impression de gâchis que l'on ressent à la fin de la projection. Dommage.