Voilà un film des plus surprenants que j'ai pu voir ! D'un esthétisme époustouflant et d'une mise en scène entre rêve éveillé et fantasme ce film ne laisse clairement pas indifférent !
Le film dépeint à travers le thème du désir, les interrogations d'un couple à l'instant "x" de leur histoire.

Adapté du livre " La Nouvelle Rêvée" d'Arthur Schnitzler , nous nous trouvons face à William (joué par Tom Cruise ) et sa femme Alice ( Nicole Kidman) un couple de bourgeois New-yorkais s'amenant à s'interroger sur le devenir de leur union en s'appuyant sur leurs désirs refoulés cachés au partenaire. On décrit à travers ces héros , l'opposition entre les désirs masculins et féminins. Le titre qu'on peut traduire littéralement "les yeux grands fermés" peut faire référence au rêve et aussi au fait que les deux personnages principaux du film sont aveugles vis à vis de leurs propres envies et la véritable nature de leur couple qui est loin de la relation idéalisé d'un homme et d'une femme. L'image du couple fortuné et bien rangé que donne Cruise et Kidman au début du film n'est qu'une facade qui va être explosé au fur à mesure que les personnages vont se redécouvrir.

Ainsi commence le voyage initiatique de Bill qui va revêtir diverses formes du fantasme masculin qui peut être stéréotypé : désir de chair pour deux femmes, ( la prostitué et la femme d'un de ses patients) et les fameuses scènes d'orgie tenue par une société secrète où le sexe est roi.
Cette nuit "évasion" pour Bill nous semble irréelle et mystique.

La magie de ce film réside dans l'astucieuse mise en scène surfant sur le fantasme , le rêve et la réel.

Il y a d'abord le rêve d’Alice, où elle se représente en position d’adultère avec d'autres hommes, jusqu'à l'expresion de son aveu fatal : un trouble sensuel provoqué par un officier rencontré lors de vacances en famille. Un cauchemar pour Bill, qui sent les fondements idéalisés de son couple se déchirer sous ses pieds. Il va alors chercher à déchirer son image du pauvre mari éconduit. Cette image sexuelle de sa femme dans les bras de l'officier sera son obsession ; et lui fait prendre conscience de son attitude attentiste face à son propre désir qui sera démasqué lors de sa venue au château.
Dans la deuxième partie du film, la magie du fantasme est dissipée, et laisse place à une série d'actions (le pianiste qui lui avait communiqué le mot de passe de la soirée a été renvoyé chez lui, une femme présente à l’orgie a fait une overdose..) qui viennent bousculer ses éphémères certitudes.

Les fondus des images, les différents jeux de lumière tout au long du film ajoute au récit cette dimension mystique et irréelle propice à l'ambiguïté des scènes et leurs interprétations. ( les différentes prises de vue des scènes charnels dans le château à lumière feutrée des bougies, les scènes de marche de Bill aux lumières bleues , blanches des réverbères de New-York, l'ambiance embrumé des couloirs de l'appartement du couple...)

Les femmes nues , masquées durant la soirée au château apportent une dimension satanique, digne d'un rituel profane chrétien; la porte menant à une nouvelle fenêtre de l'inconscient.
Bill reprendra conscience de l'aspect charnelle du corps féminin en voyant s'exhiber ces corps nus sans taboo , il est presque envoûté ; lui médecin qui par sa profession a appris a ne plus voir la beauté sensuel que dégage un corps féminin.

Nous sommes donc face à une véritable cure psychanalytique ! car la fin du film se termine sur cette notion : le refoulement. symbolisée par ce masque, celui porté par Bill à l’orgie, posé sur l’oreiller à côté d’Alice qui dort, et qui l’entraîne à tout avouer à sa femme sur ces aventures nocturnes; car le masque est symbole de tout ce que Bill a caché à Alice, et fait remonter à la surface son sentiment de culpabilité.

Le réalisateur nous livre donc cette morale : la tentation, le désir , le sexe, l'infidélité permettent à un couple de tenir dans la longévité.

Qu'on aime ou non le genre , ce film ne laissera personne indifférent ; l'intrigue est à prendre avec du recul, le spectateur ne doit pas s'attarder sur le caractère "sexuel" primaire des scènes qui regorgent beaucoup de réflexion.
AudreyAnzu
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le 17 janv. 2013

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AudreyAnzu

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