J’ai décidé d’écrire cet article à la suite de trois évenements. Tout d’abord, une escapade de trois jours à Paris et le quartier du marais, mais aussi mes voyages en RER et les tags sur les immeubles en direction de Meudon. Les deux dernières raisons gravitent autour de la même personne, que je ne présente plus : Banksy. En effet, j’ai re-regardé Faites le mur ! son documentaire sorti en 2010 et sa rediffusion, à la suite de l’ouverture de son propre parc d’attraction, nommé Dismaland.
Parlons de Borf, Swoony, Invaders, de Banksy, André, Oznek, ou Jefaerosol, du Chat, ou des moins connus, comme Nastya ou encore cet artiste et son mur rouge, vous en avez entendu parler ? Parlons de bombing, de stickers, d’anamorphoses, de cet art qui envahit nos murs.
La question qui me taraude toujours et sur laquelle ce film nous éclaire est : le street art, pour vous, est-ce de la dégradation ou du vandalisme ? L’art du vandalisme. En réalité, si on entend « art » dans street-art, ce n’est pas pour rien.
Le street art, ce n’est pas ce « nique ta mère » que vous lisez, le tag gênant au coin d’une rue; ceci est inscrit à côté de dégradation dans le dictionnaire.
Dès son arrivée, le style s’inscrit dans une optique de dénonciation, qui fait bien souvent l’objet de préjugés. Non, le street art ne revendique pas seulement, et quand ils le font, les artistes savent le faire avec humour et parfois dérision, mais aussi en nous entrainant dans des univers sombres et qui nous font constater l’horreur du genre humain, comme le grand Banksy.
La question du street art est complexe, tant parce qu’il n’est pas sacré comme l’art et parfois bien souvent dénigré et sous-estimé, comme nous le montre Banksy lors de son arrestation à Disneyland. Son impact est alors bien plus fort que l’art classique ou contemporain des musées. Le street-art révolutionne l’art, le fait sortir du cadre. Cependant, sa tendance à provoquer l’a amené à finir dans des ventes aux enchères, à des prix rivalisant avec des chefs d’oeuvre de peinture. Le caractère éphémère et le in situ du street-art créent le paradoxe avec sa valeur marchande nouvelle, et sa place dans les musées.
Mieux encore : le street art nous aborde, nous touche relativement mieux que l’art classique, car il fait descendre l’art dans la rue, via le bombing, ou le collage. Phrases qui accrochent, dessins chocs, ou simplement fresques monumentales, le street art se fait parfois même décrocher des murs… Pour atterrir sur ceux d’un musée.
L’art urbain jouit d’une culture et témoigne d’un style qui lui est propre. Tantôt lyrique, engagé, ou simplement esthétique, il a su s’imposer dans les murs et les métros, par des personnages comme ceux de André, ou Space Invaders, ou encore des univers.
Evidemment, tout n’est pas bon dans le street art, au delà des actes de vandalisme, M. Brainwash est l’anti street-artist de base, c'est là que se situe le jeu de Banksy dans ce reportage.
Le street art va vers son expansion, il est médiatisé, adulé du plus jeune public et de plus en plus toléré, et admis comme un art de pensée et de technique, d’esthétisme, si ce n’est pas les trois. On reconnait à certains artistes une identité visuelle comme on reconnait un Rembrandt. Le street art s’impose et contamine les lieux, comme un agréable parasite, dans les journaux, les émissions, les livres d’art, mais il s’invite aussi dans des biennales et il existe des stages.
La fresque murale, le trompe l’oeil de l’ancienne peinture murale de la villa Barbaro semble désormais évoluer vers l’extérieur, ce qui lui crée un autre impact, qui, avec un nouveau temps, s’ouvre de nouvelles problématiques, jusqu’à devenir engagé dans le cas du street art de Bansky à Calais ou sur le mur séparant Israël et Palestine un message au spectateur.
Bravo Banksy.