Et si le teen movie renaissait définitivement de ces cendres, après plus d'une décennie à subir les outrages d'une vague de potacherie aiguë et de dystopies adolescentes indigestes ?
Dans un genre sclérosé, comptant approximativement un chef-d'oeuvre pour quarante-douze bouses, l'espoir restait entier de ne plus voir le vénéré et regretté John Hugues, aligner les loopings de dépit dans sa tombe.
Depuis environ deux, trois ans, force est d'avouer que l'on aperçoit tout de même le bout du tunnel avec un enthousiasme non feint.


Si quelques comédies bien grasses trouvent de temps en temps notre clémence (le jouissif Projet X), tout autant que les adaptations littéraires aventuro-SF pour boutonneux (la saga Hunger Games, La Stratégie Ender), le cinéma indé US aura surtout su nous surprendre de la plus belle des manières avec des péloches finement scriptés et ayant toutes - ou presque - fait leurs gammes dans le sacro-saint Festival de Sundance (Le Monde de Charlie, The Spectacular Now, Cet Eté-Là, White Bird, La Face Cachée de Margo, Dope, This is not a Love Story...).
Dans une volonté de continuer à redorer le blason du genre de la plus belle des manières, Rosemary Myers fait de son premier passage derrière la caméra, Fantastic Birthday, une petite bombe gentiment enlacé entre les cinémas des géniaux Spike Jonze et Wes Anderson.


Conte initiatique tendant à faire ressortir l'obscurité et la singularité d'une héroïne (soit l'inverse de la majorité des prods du genre) se projettant dans les émanations fantastaques de son subconscient, au sein d'un cadre aussi fantasmée qu'il est terrifiant - la forêt -; le film se joue et déjoue des codes du teen movie, pour mieux nous conter le passage à l'âge adulte autant personnel qu'universel, d'une ado -presque) comme les autres, campé par la pétillante Bethany Whitmore.
Kitchissime à souhait, d'un second degré et d'une nostalgie attachante, joliment pop et réaliste à la fois, Fantastic Birthday est une invitation sincère dans l'univers barré, référencé et sombre d'une véritable cinéaste en devenir.
Surprenant, pertinent et rafraichissant, assumant pleinement sa singularité grâce à la force d'un casting impressionnant de justesse - et magnifiquement dirigé -, le métrage est de ces petites bulles de légèreté fugace (le film n'atteint même pas les 80 minutes), qui mérite décemment son pesant de popcorn.
Des teen movies inspirés et inspirants comme celui-ci, on en dévorerait tous les mercredis dans les salles (savoureusement) obscures.


Jonathan Chevrier

FuckCinephiles
8
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le 13 mars 2017

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