Fashion Hell
4.9
Fashion Hell

Film de Jun Tsugita (2010)

A l'époque de Machine girl et Tokyo gore police, je m'étais dit que je devais voir tous les films de ce groupe de dingues aux commandes. Mais ils en sortaient de trop à la fois, ces brigands ! Depuis, avec Samurai princess ou RoboGeisha, j'ai pu constater qu'en plus de réaliser ces films en un temps minimal, quelques jours intenses seulement, la qualité n'était plus présente.
Horny house of horror n'avait pas un titre bien prometteur, mais il était déjà mieux noté que les films de la nuit Sushi typhoon à L'étrange festival, et celui obtenant la note la plus haute parmi ceux-ci, je l'avais déjà vu. En réalité si je cherchais à aller voir un film de Noboru Iguchi et compagnie, c'est parce que le concepteur d'effets spéciaux Yoshihiro Nishimura était présent à chaque séance. Donc par défaut, je suis allé voir Horny house...
Il était là avec l'actrice principale de Hell driver et, c'est bête, après avoir présenté le film, il est parti... au moment où j'écris ces lignes, j'espère pouvoir le croiser vers minuit, après qu'il ait fait sa présentation pour la nuit Sushi typhoon, en espérant qu'il sorte de la salle.
(aujourd'hui, 14h24 : non, pas pu le voir. En plus d'après ce que j'ai lu, à un autre festival il était venu en couche avec un faux bébé attaché à un faux cordon ombilical...)

Aucun rapport avec le film, mais on a eu une vidéo du "mensomadaire", magazine apparemment sur les curiosités visuelles. On avait déjà eu un court sympa avant la nuit Grindhouse, une histoire de types au bureau qui se font une compétition car l'un imite les moustaches de l'autre. Cette fois c'était une représentation en pâte à modeler du récit de deux anglais que je ne connaissais pas. A entendre leurs voix en off, ils étaient devant un public. J'imagine qu'ils faisaient un sketch, et que quelqu'un a eu l'idée de partir de là de faire un court en animation. Bon...
Et autre surprise un peu mauvaise : à en croire l'affichage des indications "auto" et "16:9" sur l'écran, on nous a projeté une vidéo (je viens de voir sur IMDB que le film était sorti directement en DVD aussi...), j'aurais aimé que ce soit sur pellicule, c'est idiot mais ça me donne l'impression que j'ai payé pour avoir un privilège que je n'ai pas eu et qui est lié au fait d'aller voir un film au cinéma, et que finalement j'aurais pu avoir la même chose chez moi. Bon ok il y aurait pas eu Nishimura dans mon salon, mais s'il part directement de la salle aussi...
Le forum des images nous avait déjà fait le coup à la nuit Paris cinéma, mais heureusement, contrairement à The mansion of madness, cette fois il n'y a pas eu de problème avec le lecteur de DVD/projecteur.
Le seul problème c'était que le son était saturé.

Concernant le film lui-même, maintenant.
Nishimura nous disait avoir réalisé des zizis de japonais, pleins de zizis, pour ce film (mais en fait, au vu du film, pas tant que ça... et pas autant de japonaises nues non plus, dont il a aussi parlé). Effectivement pratiquement d'emblée on sort un penis, après une longue phase de teasing. La scène d'introduction est plutôt lascive, le réalisateur a visiblement pris son temps, probablement pour préparer un moment qu'il veut fort. Le problème, c'est qu'on le voit venir à cent lieues dès que la "masseuse" sort, en même temps que le sexe de son client, de quoi préparer un maki. Probablement que la lenteur de la scène dans ce cas-là est censée faire croître l'angoisse alors qu'on sait ce qui va arriver, mais en fait on n'a pas de quoi serrer les jambes de douleur d'avance, probablement parce que le pénis est trop factice, et que le grotesque avait déjà trouvé sa place dans le film, via la séquence de début qui nous explique ce que sont les "fashion health".
Nishimura avait dit que c'est de là que venait le jeu de mot du titre Fasion hell (Horny house of horror étant juste un titre alternatif), et qu'il conseillait d'y aller, sans dire ce que c'est. En fait ce sont des "salons de massage" qui ont pour fonction de contourner la loi contre la prostitution. J'ai bien aimé l'idée que ce soit choisi comme lieu pour tuer des gens, en raison du fait qu'ils ne disent à personne où ils vont, évidemment. C'est une des rares vraies bonnes idées du film.

Le scénario est des plus simples : trois amis se rendent dans un fashion hell, ils se font couper le pénis, sauf le dernier qui veut rester fidèle à sa fiancée et qui a été forcé de venir ici... même ce n'est pas assez bien joué ou mis en scène pour qu'on croie vraiment que ses amis arrivent à le forcer à entrer.
L'histoire rajoutée du type qui veut rester fidèle est trop appuyée, on y revient trop souvent, et du coup ça a l'effet inverse de celui voulu : dissimuler le fait que le récit n'est qu'un prétexte ridicule pour du gore et du sexe. L'illusion d'un peu plus de profondeur qu'ils ont voulu donner au film et ses personnages ne fonctionne pas du tout. En plus de ça on a des séquences émotions, peut-être que c'est du second degré mais dans ce cas-là c'est beaucoup trop facile. De toute façon je n'arrive pas totalement à croire que ça ait été fait avec dérision dès le départ, vu la sous-intrigue instituée avec la prostituée qui ne veut pas être là.
Même du côté de la violence, il y a peu d'originalité, et on en fait beaucoup, notamment avec l'attente, pour finalement pas grand chose. Il y a une scène de sexe simulé plutôt longue, pour simplement en arriver à une idée simple, qui amuse juste parce qu'il y a une effusion de sang qui éclabousse les deux acteurs impliqués.
Il doit y avoir que la scène du jeu où un personnage assiste à une danse érotique et, s'il bande, se fait couper le membre, qui sort un peu du lot, mais c'est essentiellement parce qu'on a un homme en armure et armé d'un sabre qui regarde fixement le sexe d'un air très méchant, tout du long.

Un des problèmes que j'ai remarqué avec les films Sushi typhoon (même si celui-ci n'en fait pas vraiment partie, c'est pareil, on retrouve les mêmes personnes devant et derrière la caméra), c'est que les réalisateurs et monteurs sans talents du groupe favorisent le gore, aussi nul soit-il, plutôt que le rythme. Ici on a une scène où un homme prend bien son temps pour vider une femme de ses tripes, la jette contre un mur, exhibe ce qu'il a tiré de son ventre, et seulement après une prostituée crie pour la mort de son amie.
Bon, au moins avec ce film-ci, on retourne à plus d'effets spéciaux à l'ancienne, c'est soulageant, à part pour une scène avec des yeux en CGI qui foncent vers l'écran, et une autre avec de l'acide assez moche qui ne pouvait être fait autrement.
Horny house of horror, en le voyant, je me suis dit que c'était le genre de film que j'aurais vu en accéléré si ça avait été sur mon ordinateur.
L'humour est lourd, il y a des acteurs qui cabotinent et des blagues de pets, et puis ce gag vieux comme R'lyeh où une des prostituées dévoile tout un secret sur l'identité de quelqu'un, et seulement après se couvre la bouche, genre "oups !", bah mince, dis donc...
Je pense que le groupe pour la BO a juste été choisi pour son nom, "Piranha orchestra", parce que la musique est chaotique et crée une ambiance désagréable, quoique ça va bien avec l'image dégueu, sa couleur verdâtre ou son éclairage jaune pisseux.

On est à des années-lumière de Tokyo gore police ou le génial Machine girl, j'ai comme l'impression qu'une fois ces deux chefs-d'oeuvres réalisés, le groupe de cinéaste s'est dit qu'ils pouvaient se reposer sur leur lauriers, faire n'importe quoi et que de toute façon les gens regarderaient. Certes il y a toujours cette bonne grosse dose de gore, mais les films sont vraiment mauvais, je ne me contente pas de ça juste parce qu'il y a plein de sang et du sexe.
C'est marrant comme on peut passer de l'envie de tout voir, à la méfiance envers ce groupe de cinéastes japonais.
La prochaine fois, à moins d'être certain que le film soit bon, et/ou que je pourrai rencontrer Nishimura ou Iguchi, en couche-culotte ou non, je pense que je m'abstiendrai.
Fry3000
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le 11 sept. 2011

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Wykydtron IV

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