Le monde du cinéma marche sur la tête ! J'étais très loin de me douter, en entrant dans une des salles obscures de ma ville natale, que le dernier né de la saga Fast and Furious se révélerait comme l'une des meilleures surprises de ce premier semestre étrange, qui voit les plus grandes valeurs s'effondrer tels des géants aux pieds d'argile. Je n'attendais vraiment pas grand chose de cette énième suite, j'envisageais au mieux un petit divertissement en forme de « guilty pleasure », un long clip épileptique, un peu crétin, alignant gratuitement une brochette de grosses caisses puissantes, vrombissantes, et de nénettes aux gros nénés.

Seulement voilà, dès les premières scènes, mes attentes se sont vues immédiatement rehaussées par l'indéniable qualité audio-visuelle de Fast and Furious 5. Bien filmées, bien rythmées, bien montées, jamais hystériques, les scènes d'action s'avèrent grandioses, tellement jouissives pour les yeux et les tripes qu'elles s'inscrivent déjà dans le panthéon des meilleurs blockbusters hollywoodiens. Qu'il s'agisse de la libération de Dominic Toretto (Vin Diesel, marmoréen), suite immédiate du quatrième opus, ou d'un vol de voitures à bord d'un train en pleine course, on a affaire à de purs morceaux de bravoure, fracassants, spectaculaires jusqu'au délire, et assumés comme tels. Du cinéma d'action, du vrai de vrai, à des années lumière des productions mollassonnes actuelles. Évitant, pour notre plus grand plaisir, le recours aux images virtuelles, Fast and Furious 5 opte pour un style visuel plutôt réaliste, âpre et nerveux, mais toujours posé, dans un souci permanent du bon cadrage. D'une lisibilité exemplaire, le scénario est efficace, à défaut d'être révolutionnaire. Loin des batailles de rue gratuites des trois premiers opus, Justin Lin nous livre un authentique film de braquage : pour en finir avec une vie de fuite perpétuelle, le brigand Dominic Toretto et l'ex-flic Brian O'Conner (Paul Walker) décident de monter un dernier coup (100 millions de dollars à la clé) en s'attaquant à la fortune personnelle du plus grand mafieux de Rio, Hernan Reyes (Joachim de Almeida). Ils s'entourent d'une équipe de cadors du volant pour exécuter leur plan, une mission suicidaire, durant laquelle ils seront confrontés à la fois aux hommes de main de Reyes (impressionnante poursuite à pied sur les toits d'une favela), et à la volonté de fer d'un agent fédéral, Luke Hobbs (Dwayne « The Rock » Johnson, titanesque), bien décidé à les arrêter. L'occasion rêvée pour Justin Lin d'orchestrer, au détour d'une scène de combat jouissive et ultra-violente opposant Vin Diesel et The Rock, une véritable corrida d'« action heroes » au meilleur de leur forme.

On aurait pu s'attendre au pire, lorsque l'action se calme un peu, la psychologie des personnages n'étant pas le point fort de ce genre de film. Mais Justin Lin, conscient de ses limites dans le domaine, fait preuve d'une certaine intelligence dans sa mise en scène, en épurant au maximum les dialogues (en gardant tout de même quelques répliques savoureuses), et en jouant à fond la carte de l'icône, quitte à sacrifier la subtilité dans la peinture de ses personnages. « Oublie la finesse » balance ironiquement Toretto à O'Conner. Fast and Furious 5 s'amuse constamment, dans une perspective ludique bienvenue, à se jouer des codes de son propre genre, mais sans jamais faillir à la tâche, car il s'agit ni plus ni moins d'un modèle de film d'action. Les séquences d'accalmie, si elles ne brillent pas par leur écriture, ont tout de même le grand mérite de faire avancer efficacement l'histoire (jamais perdue de vue), en en développant sans cesse les enjeux. Des enjeux pas aussi bêtes qu'ils n'en ont l'air, parfois même poignants, les deux protagonistes se battant pour une femme sur le point de donner la vie, sœur pour l'un, compagne pour l'autre.

Le temps de se poser quelques minutes, pour récupérer d'une séquence époustouflante, et on enchaîne avec un nouveau morceau de bravoure, encore plus incroyable que le précédent. Si le film s'ouvre sur une véritable attaque de diligence modernisée, empruntant pour un quart d'heure palpitant les voies du western, il se clôt en beauté sur un autre braquage glorieux, véritable orgasme audio-visuel : Toretto et O'Conner traînant derrière leurs bolides un coffre-fort au contenu inestimable à travers tout Rio, poursuivis par des dizaines de véhicules de police et toute la mafia locale (Hernan Reyes inclus). Un braquage mobile hors normes, grisant, jubilatoire, surprenant, donnant au film un ultime relief épique, qu'on est pas prêt d'oublier. Généreux, décontracté, divertissant, visuellement impressionnant et pas prétentieux pour un sou, Fast and Furious 5 est sans aucun doute l'une des plus belles surprises de cette année cinématographique en dents de scie. Un pur cocktail de fun et d'adrénaline dont on n'attend plus qu'une chose, déjà programmée par un twist au milieu du générique final : la suite !

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le 29 mai 2011

Modifiée

le 30 août 2012

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