On aimerait détester, et pourtant...

Michael Youn est un personnage que l'on se plait à détester. A mourir de rire dans le "Morning Live" ou dans les "Bratisla Boys" (cartonner avec une "chanson" aussi pourrie, ça confine quelque part au génie), Youn a finalement fini par s'enfermer dans un cercle vicieux de prétention et d'ego surdimensionné, alors même que ses films devenaient de plus en plus miteux... Aussi irritable qu'il se plaît à défoncer des chambres d'hôtel, désagréable avec la critique (pas toujours pertinente certes, mais qu'importe), et prétentieux au possible, Youn est devenu l'exact inverse de ce à quoi il aspirait : être un incontournable de la comédie, sympathique et populaire.

Pourtant, on ne peut nier l'évidente sincérité du dit personnage, qui bon gré mal gré s'est toujours montré généreux dans les films dans lesquels il a pu jouer, aussi nazes soient-ils. Aussi, lors de l'annonce de la sortie imminente de son premier film, on ne pouvait qu'être à la fois curieux et dubitatif, attendant patiemment le moment où l'on pourrait assister à la fin définitive d'un comédien s'étant brûlé les ailes trop rapidement.

Aussi, il était aisé d'imaginer la critique et les spectateurs lui tomber dessus, se gaussant par avance d'un échec cuisant en or massif. Et pourtant, en dépit d'un film on-ne-peut-plus perfectible, Youn vient de montrer qu'on l'avait enterré un peu vite....

"Fatal" est un film hommage couplé d'une tentative de regagner une légitimité perdue. Pas une seule seconde n'y échappe, et c'est à la fois sa plus grande force, et sa plus grande faiblesse. Outre un scénario galvaudé, vu et revu, et sans surprise, et dont le postulat de base prend corps dans le premier clip de "Fatal Bazooka" (on a vu mieux comme référence solide pour raconter une histoire qui se tient....), "Fatal" souffre également de prévisibles clichés, de vannes gratuites et sans finesse, de longueurs malvenues (notamment les 20 premières minutes), et d'acteurs souvent en roue libre lorsqu'il s'agit de sortir du cadre de la parodie pure (mention spéciale toutefois à Stéphane Rousseau, absolument parfait dans son rôle d'icône gay).

Seulement, Youn épate là où ne l'attendait absolument pas : la qualité de sa mise en scène. Entendons-nous bien, nous ne sommes pas face au nouveau Scorcese, mais chaque plan transpire l'amour de l'image bien faite, avec un visuel léché et travaillé avec soin, sans faute de goût majeure, et loin de l'aspect esthétisant à outrance dans lequel il aurait pu aisément sombrer.

De plus, si cette histoire sans âme peut peiner et irriter à la longue, elle sert malgré tout de parfait terreau à Michael Youn pour placer dans son film ses influences et ses envies, sans que celles-ci ne le rende déplaisant à suivre. Les répliques, sans être cultissimes, font également souvent mouche, et l'on finit par s'étonner de se prendre à rire face à des situations peu prédisposées (mention spéciale au "Canapi", vraiment excellent ^^) ou attendues comme lourdingues...

Rythmé (passées les 20 premières minutes une nouvelle fois), sincère à défaut d'être audacieux, sympathique à défaut d'être génial, et vraie comédie là on pouvait s'attendre à une somme de scènettes mal agencées et vaines, "Fatal" est au final le film d'un artiste en quête de légitimité, qui n'a peut-être pas totalement retrouvé de sa superbe, mais qui prouve par la même occasion que lorsqu'il se bride et travaille un minimum sérieusement, il peut décemment aspirer à une nouvelle carrière prometteuse.
Kefka
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le 16 mars 2011

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Kefka

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