Faubourg 36 par constancepillerault

Un film qui tente de retrouver un certain esprit Front Populaire. Mais c'est à moitié réussi. La confection est soignée, mais le film fait très carton-pâte , d'autant plus que le faubourg du titre est mal défini (y compris par les personnages du film, ce n'est jamais vraiment bien situé dans Paris- aucune voie de Paris s'appelant faubourg quelque chose ne correspond, et on ne sait même plus si on est au centre, ou en périphérie de Paris). Alors que les films d'autrefois s'ingéniaient à reconstruire en studio des décors qui faisaient plus vrai que vrai : le canal St Martin de Hôtel du Nord, la station Barbès-Rochechouart des Portes de la Nuit, et que même sans ce souci de reconstitution, situaient bien leur action (l'avenue Junot de l'Assassin habite au 21). Ici on est dans un faubourg d'opérette, et c'est un peu gênant par rapport à l'effet recherché, le film faisant nettement référence aux films du passé.
Côté intrigue, ce n'est pas si mal, même si le film a des allures de remake inavoué de La crise est finie, un film de Siodmak (1934) avec Darrieux et Préjean, et que le contexte historique est parfois amené de manière un peu artificielle. Et c'est bien interprété.
Un très bon point pour la partie musicale. Les chansons ( des créations originales, qui s'inspirent des différents styles en vogue à l'époque) sont très bonnes, et fort bien interprétées (par les interprètes du film eux-mêmes). Comme ça se passe dans un music hall, on a même de jolis numéros musicaux. De quoi regretter que le film n'ait pas été carrément une comédie musicale , assumant une certaine artificialité question décors., comme si on était sur scène.
PS Contrairement à ce qui est dit dans une autre critique, le film ne respire pas franchement la joie de vivre et n'est pas une ode à celle-ci. Il commence même par une scène dramatique , et l'essentiel est un retour en arrière, sur des événements parfois tragiques. C'est un mélange de joie (certains numéros musicaux) , d'espoir (le côté Front Populaire) et de drame.
Et parler de nazis n'a rien d'anachronique : ils étaient au pouvoir depuis 3 ans. et il y avait à Paris des gens ayant fui le nazisme .