Magnifique redécouverte en projection cinéma après l'avoir vu en salles à sa sortie, il y a 20 ans (!). Chef d’œuvre intemporel et définitif sur la condition masculine qui s'intéresse à une génération d'hommes en proie à de profondes angoisses de castration (très concrètes à l'écran, des cancers testiculaires aux menaces itératives d'émasculation par Durden) et dont l'errance identitaire ne trouve comme bouée de sauvetage existentielle qu'un fantasme viriliste de mâle alpha. Il apparait toujours pertinent de rappeler que le film dénonce cette impasse dont se retrouve prisonnier le narrateur (splendidement illustré par le fait que le twist ne conclut pas le film mais s'avère au contraire un véritable problème à dénouer) et me semble encourager le spectateur à trouver une autre voie à l'incarnation sereine de sa masculinité.
Cette nouvelle vision de Fight Club m'a également fait porter une attention plus particulière à la thématique de l'embrigadement et de la radicalisation (les singes de l'espace qui abandonnent toute identité et narcissisme personnel pour confier leur idéal du moi testiculaire au leader phallique qui donne un sens à leur vie, mon charabia génito-freudien de comptoir prenant ici un sens quasi-littéral) qui résonne forcément avec l'actualité islamo-terroriste moderne. Le processus ainsi montré dans le film apparait vraiment proche de ce que j'ai pu lire sur le sujet.
Sur le plan cinématographique, rien à redire, le passage du temps n’ôte rien à la puissance de l’œuvre dont la violence infiltre chaque aspect (dès le générique de début qui claque aussitôt dans tes oreilles), au point que l'expression "film coup de poing" ne sonne ici en rien galvaudée. Et puis, cet ultime plan... Mythique.