Etait-il possible d'imaginer une seconde un tel film ? En un peu plus de 80 minutes de métrage le hongrois György Palfi revisite toute l'Histoire du Cinéma en réalisant un film de pur montage, passionnant et définitif. On ne compte plus les centaines de plans piochés ici et là par le réalisateur : plans généraux, plans d'ensemble, plans larges, plans rapprochés, plans américains, gros plans, inserts... Final Cut constitue un prodigieux travail de rythme et de raccords en tous genres, partant d'un canevas narratif essentiellement écrit sous l'influence d'images préexistantes.
L'histoire fabriquée par Palfi reste en fin de compte assez modique : un homme se lève un beau matin, fait sa toilette, sort de chez lui puis rencontre une femme ; s'ensuit une visite dans un cabaret, puis la naissance d'un désir, une scène d'ébats puis un étrange règlement de comptes, de la violence, des larmes et du sang. Des hommes, des femmes, de l'amour, de l'émotion... Monté sous le signe de l'énumération cet objet filmique peu banal, plus proche de l'exercice de style que du divertissement traditionnel, construit une histoire simple et universelle pour mieux stimuler notre mémoire cinéphilique.
L'oeuvre est ludique et pleinement cohérente, empruntant aussi bien au cinéma classique américain qu'à la Nouvelle Vague française, aux films muets, aux blockbusters, aux oeuvres plus intimistes et à pratiquement tous les genres cinématographiques. Voilà donc un film particulièrement élaboré, à la fois brut de décoffrage et intelligent qui parie énormément sur sa générosité et sa science de l'agencement. Une vraie surprise doublée d'un réel plaisir visuel et musical. A voir absolument !