La septième dernière fantaisie : les enfants de l’avènement, version complète

Il s’agit d’un drame subtil et poignant. L’histoire d’un père de substitution fuyant ses responsabilités dans un monde en ruines. L’histoire d’un enfant condamné par une maladie incurable qui se fait enlever par des zombies évangélistes. Une fable sur la reconstruction du monde usant de la métaphore de la figure de la famille recomposée.
Avec un dragon.


Nan j’déconne. Ou pas tant que ça. Reprenons depuis le début.



D’abord, ce film est-il visionnable par tout le monde ?



Final Fantasy VII Advent Children est la suite du cultissime jeu Final Fantasy VII, et je parle ici de sa version dite "complete". Ceci étant dit, toutes les versions du film s’adressent avant tout aux fans et… est-ce un problème ? C’est une question que je laisse volontairement ouverte parce que je suis le premier à dire qu’un film doit être une œuvre qui doit se suffire à elle-même mais de deux choses l’une : le film est une suite directe du jeu et de deux il s’ouvre sur un panneau de texte déclarant à peu de choses près "coucou les fans on est là pour se faire plais’, installez-vous tranquille on est là pour kiffer". Donc le film est au moins honnête sur ce point.


Mais est-ce que les néophytes du jeu peuvent l’apprécier ? Je dirai que oui, mais moins que les fans. Certaines scènes très accès sur le fan-service les feront tiquer (l’offensive générale contre le Bahamut par exemple) mais heureusement, la version complete est globalement très accessible. Un exemple bête, mais dans la version courte les remords de Cloud ne sont jamais explicités, et on se dit que ça vient des événements du jeu. Alors qu’en fait pas du tout puisqu’on apprend au détour d’un dialogue de la version longue qu’il s’en veut pour son impuissance face à la mort inéluctable de l’enfant qu’il a recueilli.


En gros si le film conservera quelques zones d’ombres pour les nouveaux venus, ceux-ci ne devraient toutefois pas avoir trop de problèmes pour cerner facilement les enjeux et l’univers.



Mais le film… il vaut quoi ?



Déjà sur le scénar, on ne va pas se mentir, c’est service presque minimum. En gros le film pose les bases des personnages assez rapidement, l’histoire évolue sans trop que l’on cerne quelle direction elle prend avant les trois quarts du film ce qui n’est pas vraiment un bon point. Nan parce que sérieux, ça coûtait quoi de dire "résurrection" au lieu de "réunion" ? Je sais que ça vient du jeu mais c’est un changement qui aurait pu faciliter la compréhension des enjeux.


Cependant si les personnages sont simples ils n’en restent pas moins tous (pour les principaux) facilement différentiables les uns des autres et à l’exception de la scène du Bahamut, je n’ai jamais eu l’impression d’une surcharge de seconds rôles. Notons d’ailleurs que la version longue a pris soins d’ajouter quelques scènes pour renforcer l’attachement du spectateur aux personnages.


Et puis je n’ai pas tellement le sentiment que le film ne fasse que le minimum syndical côté scénario (parce que j'aime me contredire). Alors ce qui va suivre est une interprétation tout à fait personnelle, et c’est peut-être juste de la branlette (osef, j’assume), mais je vois dans ce film un sous-texte sur la religion et son impact :


Pour cela j’oppose deux scènes. Les deux scènes de baptême : celle avec Kadaj et celle avec Cloud. Dans le premier cas, Kadaj harangue les enfants (facilement manipulables) avec un discours de haine, revanchard, et surtout les invite à se baptiser eux-mêmes. Comme pour montrer une cérémonie de baptême bâclée qui est là pour poser les bases d’une communauté dont le but est de butter tout le monde en utilisant la religion comme prétexte assez bancal. Faites les parallèles que vous voudrez.


Et en opposition, on a donc la scène de fin avec Cloud qui se distingue par ses couleurs pétantes, le fait qu’elle prenne place dans un édifice religieux, et surtout qu’il baptise cette fois lui-même l’enfant. On peut y voir des tonnes de choses, la transmission comme l’acceptation au sein de la famille (sachant que personnellement je penche pour la seconde option). Et évidemment les deux scènes terminent de façons radicalement différentes : dans un cas Denzel finit hypnotisé et apathique, dans l’autre il finit guéri et heureux.


Ajoutez à cela le parallèle pas fin pour un sous mais quand même sympa (que j’ai déjà souligné) entre le monde qui se reconstruit et une famille recomposée et on a un scénario qui, s’il n’est pas brillant, ne démérite pas pour autant et tente plusieurs choses plutôt sympas.



Et puis il y a la bagarre.



Parce que bon on ne va pas se mentir et se cacher derrière des interprétations à n’en pas finir, ce film on l’aime surtout pour ça hein.


La plupart des scènes d’actions ont très bien vieilli et offrent aujourd’hui un spectacle très appréciable. On appréciera d’autant plus leur variété de par les multiples environnements et chorégraphies proposées. Y a pas grand-chose à développer là-dessus sinon dire que c’est du bon travail et que les réals étaient plutôt inspirés, et ce n’est pas plus mal parce que c’est surtout là-dessus que repose le film (ce qui est un peu bête puisque c’est là-dessus que j’ai le moins de truc à dire).


Je terminerai en parlant de l’ambiance générale qui est ce qui rend aujourd’hui encore ce film assez unique. Ça passe grandement par la direction artistique (le design des monstres, des lieux et des personnages) mais ce film a un je-ne-sais-quoi qui le met à part du reste du cinéma d’animation. On pourrait dire que la musique sublime composée par 4 gars dont le grand maître qu’est Nobuo Uematsu (amen) contribue pas mal à cette ambiance. La musique est très hétérogène, passant de l’orchestral classique à la techno par un bon gros rock au solo de piano et parfois mélangeant le tout. Cela fait qu’absolument chaque scène à son thème musical (ce qui en plus d’être chouette les aide à se démarquer les unes des autres).


Finalement je n’ai jamais réussi à mettre précisément le doigt sur ce qui fait que ce film à quelque chose de si spécial. Peut-être que c’est la combinaison de tous ces éléments qui donne un résultat si particulier.


Ou peut-être que je me prends trop la tête et que ce n’est qu’un ressentit purement personnel et non analysable, c’est possible aussi.



Pour finir



On a un film que je qualifierai d’honnête : il a conscience d’être un produit dérivé mais essaie d’aller plus loin, surtout par son ambiance et par sa réalisation qui offre quelques très beaux plans et un tout globalement très dynamique (même si le film prend le temps de se poser de temps en temps). Donc si vous aimez les films d’actions et que vous n’êtes pas allergiques à l’image de synthèse, donnez sa chance à ce film, vous pourriez avoir une bonne surprise. En parlant de bonne surprise le doublage français du film est très soigné et n’a franchement pas à rougir de la version originale, ce qui est assez rare pour être souligné.


Petite parenthèse pour dire qu’avec Kingsglaive, je suis content de voir que Takeshi Nozue semble bien partit pour se spécialiser dans le cinéma d’animation d’action/héroïc fantasy.


Et ça, ça fait plais’.

HaikoW
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le 20 juin 2019

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