Une véritable proposition de cinéma, pas toujours étrangère à l'ennui ni aux erreurs de rythme mais dont la radicalité réserve quelques fabuleux éclats.
Avec son plan unique s'étirant sur plus de deux heures de métrage le second film de l'iranien Shahram Mokri redéfinit complètement la notion d'espace-temps : déstructurant la linéarité de son récit le réalisateur invite le spectateur à se perdre dans un décor dépouillé, éclairé d'une lumière diurne mais opaque dans un même mouvement, filmé de manière proprement labyrinthique et circulaire.
Équivalant à un étrange et déroutant plan multi-séquences ce curieux slasher sans hémoglobine ni violence explicite joue énormément sur ses différents niveaux de perception et de temporalité. Entre des effets de résonance et des morceaux de narration réitérés puis recomposés dans le même souffle Fish & Cat semble parfois faire du surplace, larvé dans la composition médusante de son récit délibérément éclaté ; difficile du reste de réellement saisir toutes le petites nuances de l'intrigue en un seul visionnage, tant Shahram Mokri s'amuse à répéter certaines bribes scénaristiques tout en intervertissant certains personnages, et en jouant sur un principe de réminiscence et d'altérité sensorielle - laissant par-là planer un soupçon de paranormal et/ou de surnaturel au coeur de sa fable.
Si l'ensemble tombe parfois dans l'écueil du filmage fonctionnel ( la caméra de ce plan unique s'attelant souvent à suivre un peu platement les figures déambulant lentement dans cette région grisâtre et pas mal inquiétante ) le regard de Shahram Mokri demeure difficilement contestable. Saluons l'audace d'un cinéaste encore aux premières heures de sa carrière, et attendons de voir ce qu'il nous réserve par la suite. Déconcertant mais fascinant ce Fish & Cat s'avère pour le moins remarquable et singulier. C'est à voir.