Une fois de plus c’est désabusé que je ressors du cinéma, désarçonné par ce "Fish Tank", énième œuvre dans la lignée de ce genre de cinéma d’auteur qui ne cesse de se développer ses derniers temps. Alors certes, l’épuration totale des effets de style est volontaire et cela dans le seul souci de coller au plus près du vrai. Certes, l’intrigue se plait à maintenir cet état de stase afin de poser une ambiance plutôt que de se laisser aller à des schémas plus construits mais du coup plus artificiels… Malgré tout, personnellement j’en viens toujours au même stade avec ce genre de démarche – aussi cohérente puisse-elle être par rapport à elle-même – c’est que l’ennui et la léthargie finissent toujours par triompher. A quoi bon ces « films-instants » qui ne prétendent qu’à capter une simple once de notre monde sans qu’il n’y ait derrière aucune volonté de nous y faire pénétrer profondément, sans qu’il n’y ait non plus de recherche à nous le faire regarder autrement ? OK, l’histoire de cette petite jeunette est touchante parce que sa vie n’est pas drôle et qu’on sait très bien qu’il y a en sûrement des tas des gens comme ça… Merci de nous le rappeler. Mais à quoi bon choisir cet instant du monde plutôt qu’un autre si c’est juste pour nous le présenter comme ça, tel quel, presque à la débotté ? Alors après, peut-être que ces instants fugaces qui vous font simplement regarder ailleurs sont votre panacée et vous suffisent pour une sortie au cinéma… En tout cas, si ce n’est pas le cas, ne vous laissez pas duper par le déluge de prix qu’a récolté ce "Fish Tank" car, comme il devient malheureusement coutume en ces temps, ce déluge ne fait en définitive que traduire l’esprit d’une époque où le cinéma n’est plus perçu comme un art qui cherche à immortaliser les émotions les plus intemporelles, mais plutôt comme un simple capteur d’instants périssables…