Un film beau et vrai comme on en voit rarement...

La réalisatrice Andrea Arnold nous propulse ici dans l'intimité d'une jeune adolescente à l'aube de l'âge adulte et nous fait vivre son quotidien à travers des images qui ne ratent rien de ses faits et gestes. La non-professionnelle Katie Jarvis explose l'écran dans ce portrait social à la fois touchant, brutal et frappant de réalisme! "Fish Tank" est une expérience cinématographique incontournable, et beaucoup plus qu'un portrait classique! Ici, c'est la vitalité même de Katie Jarvis qui est capturée et retranscrite à l'écran, avec rage et sensualité... Un film beau et vrai comme on en voit rarement!

La réalisatrice Andrea Arnold nous livre avec "Fish Tank" un merveilleux protrait d'une jeune adolescence en devenir, une jeune fille au tempérament rebelle vivant avec sa mère divorcée et sa petite sœur dans un quartier appartenant à la classe sociale 'inférieure'. Empruntant son style au réalisme social britannique, Arnold s'applique avec intérêt à suivre Mia, incarnée par la flamboyante Katie Jarvis, dans son quotidien et dans ses moindres faits et gestes, de manière à retranscrire au mieux ses états d'esprit et sa place dans la société.

Épris de nombreuses valeurs, "Fish Tank" nous fait découvrir l'adolescence d'une jeune fille qui se cherche encore, une adolescente remplie de rage quoique désireuse d'amour et d'écoute, une fille passionnée par la danse et curieuse de la vie, méfiante mais toutefois naïve, à la fois forte et fragile... Le portrait est à la fois beau, touchant, poétique, féministe et ultra-réaliste, qui plus est magnifiquement porté par la non-professionnelle Katie Jarvis qui s'avère être une fantastique révélation dans ce film. Ce qu'Andrea Arnold parvient à accomplir avec "Fish Tank", c'est tout simplement à illustrer avec réalisme et sensibilisation cette étape de la vie où une jeune adolescente se retrouve à l'aube de l'ère adulte et se voit soumise à des changements, tant physiques que moraux.

Ce qui est fascinant en particulier, c'est la façon dont Andrea Arnold s'y prend pour filmer Katie Jarvis, laquelle est retranscrite à l'écran dans toute sa splendeur. Tout dans Katie Jarvis, y compris sa démarche nonchalante, son accent très marqué, ses vêtements amples ou encore sa manière de danser pleine de technique mais manquant de mouvements et de souplesse, est rendu beau à l'écran ! C'est beaucoup plus qu'un portrait classique. Ici, c'est la vitalité même de Katie Jarvis qui est capturée et retranscrite à l'écran, nous propulsant dans l'intimité même du personnage et nous faisant vivre son quotidien à tous moments, à l'aide d'une caméra qui ne rate rien de ses faits et gestes. Katie Jarvis est dès lors à Mia dans "Fish Tank" ce qu'Emilie Dequenne était au "Rosetta" des frères Dardenne. Bien plus que de l'empathie, Arnold réalise l'exploit de nous faire aimer Mia et tous les éléments qui la caractérisent, quelle que soit sa condition !

Il est bien difficile d'exprimer précisément tous les tenants et les aboutissants de "Fish Tank" tant le film est bien écrit et paraît naturel. Les jeux et les interactions entre acteurs sont magnifiques, notamment avec la participation remarquable de Michael Fassbender dans le rôle du nouveau petit ami de la mère de Mia. Il s'agit définitivement là d'une expérience cinématographique incontournable et riche en messages. Par ailleurs, le film exploite certaines thématiques que nous nous efforçons de cerner au mieux et, même si nos investigations en ressortent parfois bredouilles, il n'y a pas de plus grand plaisir que de se laisser guider par la mise en scène d'Andrea Arnold et entraîner dans cette fresque sociétale.

A côté de ce portrait réaliste, parfois un peu dur, Arnold parvient à tisser tout un univers autour du personnage de Mia, notamment à l'aide d'une bande-son fabuleuse, composée de musiques de style hip-hop des années 2000 ou encore du fabuleux "California Dreamin'" de Bobby Womack, et il est pourtant bien dommage de constater qu'aucune bande originale officielle n'existe dans les magasins car rarement les musiques d'un film – même s'il ne s'agit pas toujours de 'grande' musique – auront été aussi bien choisies pour un film traitant le réalisme sociétal de la sorte.

A côté de tout ce réalisme, il est aussi surprenant de constater la facilité avec laquelle Andrea Arnold parvient a apporter quelques touches de sensualité et de poésie au récit, ne fut-ce qu'à travers cette courte séquence où Mia découvre un cheval blanc se dressant au milieu de nul part et s'approche de lui pour le caresser et tenter de le libérer. Au final, ce n'est plus seulement les émotions et la rage refoulées de Mia qui explosent l'écran, mais le film tout entier ainsi que sa puissante et bouleversante force d'expression! Allez sans plus tarder voir "Fish Tank", c'est un film beau et vrai comme on en voit rarement!
Ciné-Look
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le 27 sept. 2014

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