---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série. Tu es ici au dix-huitième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici :
https://www.senscritique.com/liste/Franky_goes_to_Hollywood/2022160
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux lire, mais certains passages te sembleront obscurs. Je m'en excuse d'avance. Bonne soirée. --


Gardien de mes rêves,


Avant toute chose, je lis la détresse dans laquelle vous vous situez, toi et les tiens. Ton courage, aussi immense soit-il, ne peut plus servir à contenir la tempête qui se prépare. De grâce, ne laisse pas ta fierté apporter un nouveau bain de sang. Ce n’est plus de ta faute, tu as fait tout ce que tu pouvais, mais maintenant tu dois te souvenir que tu as des alliés, et que c’est leur rôle aussi de te venir en aide quand rien ne va plus. Reviens à la raison, rends toi l’évidence, ce serait dangereux et insensé. Ne me laisse pas me languir de te savoir en vie. J’ai déjà suffisamment supporté cette situation pour une vie, fusse-t-elle éternelle.
Je ne sais plus vraiment comment désormais revenir à la raison de mes lettres quotidiennes, surtout sachant ce qu’en sera à peu près le contenu. Mais je sais que ces lettres et leur contenu plus ou moins anodin sont avant tout un puits de réconfort pour toi que de savoir que je te consacre chaque jour ces instants de recueillement, seule avec ma plume et mes sentiments pour toi. Si je te stoppais cette cure quotidienne, qui sait quel monstre sanguinaire tu pourrais redevenir…
Plus sérieusement, j’ai tant besoin de t’écrire que toi de me lire. Rarement nos chemins n’ont été si divergent, toi préparant la tornade d’un affrontement imminent, moi préparant les beaux jours de retrouvailles longtemps attendues. D’une certaine manière, mon film de ce soir pourrait incarner cette divergence.
Frankenhooker est un objet hybride difforme et franchement étrange, un peu inquiétant par sa façon de faire de l’ironie sur ce qui ne devrait pas. Suis-je tant sensible au politiquement incorrecte ou y a-t-il un problème plus profond ? Quoi qu’il en soit, ce film est à rajouter à la liste de ceux que je ne te conseille pas.
Si je me suis amusée de la première partie, qui reprend, un peu comme le faisait Hurlements, ce cliché de la famille de bonne société américaine, la ridiculisant en lui apportant une bonne dose de trash-ketchup, je me suis vite lassée du procédé qui pousse toujours plus loin son idée, jusqu’arriver à un point de non-retour ou je n’ai plus pu le suivre. Replaçant Frankenstein comme son contemporain, dans les années 80, le mythe de Mary Shelley en prend tout les aspect, à base de brushing extravagants, de cerveaux rigolos dans des bocaux, d’adolescent geek au teint pale et de prostituées en mini-jupe et bas résille. Si l’histoire, parfois novatrice, parfois insoutenablement « déjà-vu », aurait pu être intéressante, le problème est que je n’ai pas réussi à suivre son registre de comédie jusqu’au bout. Et quand on ne ri plus devant une comédie, on s’ennuie très rapidement. Je ne vais pas te parler de féminisme, ça n’aurait pas de sens tant on a régressé par rapport à hier. Ça aussi c’est une volonté du film je crois, que de vouloir transformer les personnages prostitués en des disques durs bas de gamme, ayant cinq phrase dans leur vocabulaire et les répétant en boucle, tandis que la « « « vraie femme » » » elle est douée de raison et adapte son discours à la situation. Volonté à laquelle il m’est difficile d’adhérer, même au second degré. Et je ne vais pas te parler de la créature non plus, deuxième sujet récurent de mes critiques, puisque l’inexistence de sa personnalité se cristallise autour du fait qu’il suffit de lui mettre un baffe pour qu’elle en change drastiquement. Je ne vais pas non plus te parler des effets spéciaux, qui assument eux aussi démesurément leur kitsch. Je ne vais pas en fait te parler de ce film qui a le mérite de détonner dans la filmographie que j’ai parcouru ce mois, mais qui en fait trop, tout le temps, se tuant lui même. Je n’aime pas ces films qui se pensent nanar dès leurs balbutiements et qui s’assument comme tel une fois à l’écran. Il n’ont que la pédance là ou ceux qui le sont malgré toute leur bonne volonté ne sont que charme timide.


Ne fais pas de bêtise, je m’inquiète pour toi,
H.

Zalya
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le 25 nov. 2018

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Zalya

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