Tout le monde presque connait l'histoire de la créature de Frankenstein ou ses nombreuses reprises : elle a fait les beaux jours d'Hollywood (la version de James Whale de 1933, magnifique) comme elle en a aussi fait les mauvais (la dernière inspiration I, Frankenstein, véritable daube pyrotechnique emballée...).
Au final tout le monde connait les multiples reprises de l'intrigue, mais personne (ou presque) ne sait véritablement l'histoire intégrale telle que Mary Shelley nous la raconte dans son roman, objet de littérature victorienne gothique pure du XVIIIème siècle.
Il fallait donc bien un amoureux de la langue anglaise avec quelques antécédents de théâtre shakespearien comme Kenneth Branagh pour mettre sur pied une adaptation "assez" fidèle à l'oeuvre originale. L'homme a d'ailleurs déjà réalisé une version d'Henry V et de Beaucoup de Bruits pour Rien, et fera deux ans après Frankenstein, une version là aussi intégrale d'Hamlet.
La narration gothique l'emporte sur tout, c'est elle qui guide la photographie, la musique (troublante partition de Patrick Doyle), les décors (cet escalier bleu dans le château des Frankenstein), les costumes (le manteau de la Créature) et les maquillages (même si évidement celui de la Créature est particulièrement réussi, mention spéciale surtout au visage d'Helena Bonham Carter dans le final, sorte de poupée saccagée).
Malgré tout, le film a quelques faiblesses qui seraient dût à son trop-plein de bonne volonté : le bateau en carton, les figurants trop ignorés, quelques acteurs mal dirigés (Ian Holm, dommage), une omniprésence de Branagh, un début un peu longuet, et surtout, cette séquence malheureusement ridicule où Frankenstein essaie de faire tenir sur ces jambes sa Créature fraîchement sortie du bain. On dirait un espèce de patinage burlesque, le tout sur un montage insistant et un silence de gêne...
Malgré tout, le film brille par sa bravoure à affronter le texte de Mary Shelley, et ce dès l'ouverture. La production remplie parfaitement son rôle d'adaptation gothique sans aller dans l'exagération d'un Tim Burton (différence de style, pas de goût !). Des images restent en tête, notamment vers la fin (le drap rouge qui flottent sur les marches de l'escalier bleu, ou encore la silhouette brûlée qui en courant enflamme le couloir). Et aussi une des rares présence à l'écran de Tom Hulce, le célèbre Amadeus de Milos Forman, même si pas assez exploitée non plus.


Mais à trop vouloir suivre le livre, on finit pas trop lui ressembler. Voir ce film, c'est un peu comme lire un bouquin horrifique à deux sous, un Penny Dreadful du XVIIIème siècle.
Finalement, voir Frankenstein, c'est lire Frankenstein (ce qui est une nette différence je signale).

Thomas_le_Govic
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le 15 janv. 2015

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Thomas Le Govic

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