Interminable deuil
Avant tout mitigé, perplexe et pas entièrement convaincu, me voici un peu embarrassé face à ce dernier projet de François Ozon, qui, osons le dire, n'est pas totalement clair et fait du sur-place...
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le 8 sept. 2016
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Que ce soit par le sujet, l'Allemagne d'après-guerre 14-18, ou par le noir et blanc, Frantz nous rappelle forcément Le Ruban Blanc de Haneke. Si le traumatisme de la défaite est bien présent, François Ozon choisit d'installer son film dans le mélodrame.
En brossant parfaitement l'ambiance d'une Allemagne détruite par le biais de la famille endeuillée, le réalisateur prend son temps dans la présentation de ses personnages. Adrien, l'ombre de Frantz, arrive donc aux spectateurs de la même façon qu'elle vient à Anna, plein de mystère. Si la première partie du film se concentre sur l'énigmatique lien entre les deux jeunes hommes, le mélodrame prendra vraiment sa place dans la deuxième partie du film.
Une fois le mystère révélé, quelque peu décevant au demeurant pour moi mais qui se reprend en un second temps, Ozon peut alors mieux se concentrer sur son personnage phare : celui d'Anna. Le réalisateur s'accroche aux thèmes chers de ses films, le récit de la fiction et du mensonge entre autres, mais surtout la femme. Ici tout en fragilité dans le deuil mais prête à se retrouver dans sa jeunesse et sa beauté. Paula Beer fait des merveilles face à un Pierre Niney plus transparent. Au fond le personnage de Frantz qu'on nous dépeint comme parfait ne sers qu'à ressortir les facettes de sa fiancée.
En se plongeant dans le mélodrame, un genre qu'on ne voit plus trop, Ozon accepte les clichés de ce genre et ose mener son film jusqu'au bout. La recherche d'Anna et ses mensonges la mène au final vers un retour à la vie aussi fracassant que triomphal.
L'utilisation du noir et blanc sied bien à l'ambiance du film, mais la couleur des moments passés n'apporte pas vraiment grand chose au film. De même que celui-ci pèche par moment par manque de tensions et d'enjeux, uniquement présents par le truchement de l'amour.
On retient de François Ozon toujours sa propension à nous raconter des histoires, dans une forme qui lui est propre, s'attaquant comme souvent à dépoussiérer l'ancien. Frantz surprend par son retournement, on comprend à la fin que ce film parle plus de lâcheté que de pardon ; et se retient surtout pour la sublime Paula Beer.
Créée
le 26 sept. 2016
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