À croire qu'il est devenu impossible d'offrir un vrai bon divertissement du début à la fin. Pourtant, qu'il partait bien, ce « Free Guy » ! Ludique, drôle, inventif, offrant un univers particulièrement chouette, sorte de croisement géant notamment entre « Ready Player One » et « The Truman Show », tout en gardant constamment une identité propre et mené par un Shawn Levy inspiré comme rarement : je m'éclatais. Malheureusement, si la première partie exploite à fond les possibilités du jeu vidéo et nous plonge avec bonheur dans les « secrets de fabrication » de ces derniers tout en proposant un protagoniste virtuel vraiment attachant se lassant peu à peu de l'inanité de son quotidien, la suite vient presque tout gâcher.
Certes, le rythme est constamment soutenu, mais retomber aussi grossièrement dans toutes les tares hollywoodiennes après nous avoir tant fait plaisir est extrêmement décevant. Je n'ai même pas envie de vous faire un catalogue : aucune scène n'est vraiment réussie. On sourit, au mieux : de toute façon, on sait que tout va s'arranger dans le meilleur des mondes. Plus de rigueur, plus d'imagination : juste un enchaînement de scènes d'action, certes spectaculaires, que l'on fait avancer comme on peut, où tous les moyens sont bons aussi bien pour relancer le suspense que de jouer à fond la carte du « à une seconde près, tout était foutu ». Une fois, OK. Quatre, cinq : c'est problématique.
Difficile, également, de comprendre le choix de Taika Waititi en « grand méchant » hystérique dans un rôle déjà très caricatural. J'étais déjà pas mal assommé lorsque le (double) dénouement m'a apporté le coup de grâce : alors que le scénario était construit de façon idéale pour terminer sur une touche d'émotion et de mélancolie, Levy et ses scénaristes se vautrent dans le
« happy end » le plus complet, morale nulle à l'appui (l'argent ne fait pas le bonheur : quels génies), se débrouillant même pour que la pointe de tristesse se ressente à peine.
Ne reste alors qu'un Ryan Reynolds impeccable dans un registre toutefois très habituel, et surtout l'excellente Jodie Comer, pour laquelle l'expression « sexy sans être vulgaire » semble avoir été inventée. Je n'ai pas envie d'oublier le plaisir procuré par la première heure : vraiment pas. Mais je peux encore moins oublier la seconde, caricature de blockbuster hollywoodien sans âme dont « Free Guy » s'était tant émancipé. Regrets éternels...