« Frères ennemis » est le troisième long métrage de David Oelhoffen. Principalement connu pour avoir réalisé l’adaptation de « Loin des Hommes » d’Albert Camus et écrit des scénarios pour Frederic Tellier (« L’Affaire Sk1 »), il s’attaque cette fois-ci au genre du polar avec l’histoire d’un jeune voyou de banlieue, Manuel, pris à la gorge et obligé de s’associer à un ancien ami d’enfance devenu flic, Driss, pour faire tomber le gang de narcotrafiquants qui cherche à lui faire la peau.


Le principal problème du film réside dans le fait que son histoire ne transpire aucune originalité. On se doute dès les cinq premières minutes comment « Frères ennemis» va se terminer et rien dans le déroulé du scénario ne va nous prouver le contraire. Pour autant, si vous pouvez outre-passer ce défaut, il n’en demeure pas moins intéressant. Expurgé de tous messages sociaux sur les banlieues, David Oelhoffen livre une heure cinquante de polar urbain sacrement efficace. Caméra à l’épaule, le cinéaste français distille une tension permanente en nous plaçant à hauteur de ses personnages. La menace qui plane sur la tête des protagonistes est vraiment palpable et la manière dont le réalisateur filme le décor renforce la sensation d’oppression qu’ils éprouvent. Bref, on est en présence d’un réalisateur qui sait utiliser une caméra et ça fait plaisir à voir.


Pour le reste, les protagonistes sont suffisamment travaillés pour que l’on s’intéresse à eux. En essayant de transformer progressivement son intrigue policière en tragédie grecque, David Oelhoffen arrive à dresser le portrait de deux hommes tiraillés entre leurs métiers, leurs instincts de survie, leurs familles et l’amitié qu’ils éprouvaient l’un envers l’autre. Dans les rôles respectifs du voyou sous pression et du flic manipulateur, Matthias Schoenaerts et Reda Kateb apportent beaucoup de subtilité et de profondeur à leurs partitions. Pas forcément leurs meilleurs rôles mais le duel que nous propose les deux acteurs est plutôt passionnant à suivre et est l’intérêt principal du film. Personnellement, cet affrontement a réussi à me tenir en haleine pendant une heure cinquante. Alors, si je reconnais qu’il s’oublie assez vite, « Frères ennemis » n’en demeure pas moins un divertissement sincère et appliqué. Si vous êtes à la recherche d’un bon polar noir, je vous le conseille.


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le 10 oct. 2018

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