Avant-dernière œuvre de Stanley Kubrick, ‘Full Metal Jacket’ traite de la guerre du Viêt Nam, mais se découpe en deux parties tout à fait distinctes.

De loin, la première partie est la plus intéressante et la plus réussie. Concrètement, les 45 premières minutes pourraient constituer un excellent court-métrage indépendant du reste de l’œuvre. En premier lieu, la performance de R. Lee Ermey qui a fait du sergent Hartman une icone du cinéma. Brute aliénée, capable d’une violence physique et morale difficile à soutenir, le personnage justifie à lui seul le visionnage du film. Mais la progression scénaristique et la réalisation sont également saisissantes pendant l’entraînement des recrues. L’effondrement psychologique de Leonard Lawrence est éprouvant, et l’évolution des futurs soldats est inquiétante, jusqu’à un superbe final.

Quant à lui, Stanley Kubrick prouve encore une fois qu’il sait manier une caméra. Le réalisateur excelle dans son cadrage (les footings des recrues), et offre de superbes plans-séquences (la présentation du sergent Hartman). Mais au-delà de l’excellente mise en scène, le travail de montage est aussi efficace. Le spectateur entre rapidement dans le quotidien des volontaires, mais cette partie du récit est également particulièrement rythmée.

Lorsque ‘Full Metal Jacket’ aborde sa deuxième partie, on ne peut s’empêcher de penser que l’on ne regarde plus la même œuvre. Si on retrouve certains des personnages de la première partie, il n’y a aucun lien entre les deux récits. On aurait pu penser que la personnalité de Joker allait être influencée par les évènements qu’il a vécus pendant sa formation, mais ça ne semble pas être le cas. Même son poste à l’écart des combats n’est pas dû à la mort de Lawrence (puisqu’il avait fait sa demande avant le suicide de son camarade).

Par ailleurs, le propos du film n’est plus particulièrement original. Joker reste plutôt opaque tout au long du film, et l’œuvre ne fait que dénoncer les conséquences psychologiques de la guerre sur les Marines. En revanche, on sera satisfait de voir que les talents de metteur en scène de Stanley Kubrick sont restés intactes. La reconstitution historique est excellente, et les affrontements, avec le sniper isolé notamment, sont formidables. On sera peut-être un peu moins convaincu par le passage des interviews, qui n’a pas vraiment de raison d’être. Si cette seconde partie semble ne mener nulle part, elle s’achève tout de même avec une scène magnifique.

Un bon film sur la guerre du Viêt Nam, avec une première partie immanquable.

Créée

le 6 avr. 2014

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Kroakkroqgar

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