C'est un film assez court, mais ô combien âpre sur une garde à vue qui dure, qui dure, jusqu'à atteindre un paroxysme dramatique.
Mais avant ça, on assiste à un duel d'anthologie entre ces deux monstres sacrés que sont Lino Ventura et Michel Serrault, tous deux magnifiques d'intensité.
Le film repose sur une suspicion du personnage incarné par Serrault qui aurait tué deux jeunes filles, et qui a été aperçu non loin de là au moment des faits. Bien que ce soit tiré d'un livre, on pense avant tout à une pièce de théâtre en 3 actes (les faits, l'arrivée de l'épouse, le dénouement), car on est très souvent dans un décor unique qui est une petite pièce où l'inspecteur (Ventura) prend une déposition.
Le film est éclairé par Bruno Nuytten, chef opérateur vraiment épatant, car il apporte lui aussi son poids de tragédie avec cette lumière bleutée, très caractéristique de son travail, qui semble enfermer le personnage incarné par Serrault dans un étau.
Outre les deux acteurs, il y aussi un formidable Guy Marchand, qui interprète un flic, et une apparition de Romy Schneider (un de ses derniers rôles) très étrange, à la limite du fantastique, qui joue la femme du présumé coupable, et dont les dires vont apporter un contrepoint décisif à l'enquête...
Ce huis-clos ne serait rien sans les dialogues de Michel Audiard où, bien loin de sa gouaille habituelle, donne l'occasion aux acteurs de déclamer des phrases magnifiques, et qui, pour une fois, sonnent juste, dans un souci de réalité.
C'est vraiment un grand film, porté par des acteurs tous épatants, et qui montre bien que la mise en scène peut porter une telle intensité, et dont personne ne sortira indemne, à l'image du magnifique plan final.