Chronique d’un soufflé retombé
La critique fit en son temps ses choux gras de cette garde à vue présentée comme l’évènement cinématographique de l’année.Pensez donc : un duel au sommet entre deux monstres sacrés de l’époque arbitré dans un huit clos des plus alléchant, par un cinéaste très en vue, presque à la mode, on allait voir ce qu’on allait voir, préparez donc vos popcorn et vos fraises tagada pour 1h25 de met princier.Aux petits oignons aussi, le grand bourgeois Dupond la joie amateur de petites filles, engoncé à propos dans son costard noeud-pap et ses regards obliques, figure navrante d’une notabilité de province corrompue par le vice de l’argent et la toute-puissance du statut social, bataillant les mains mouates, transpirant d’une culpabilité originelle face à la représentation morale du peuple réclamant Justice, incarnation républicaine filant de l'oeil sévère qui convient, avec méthode et perspicacité, la source menant à l'inéductable Vérité, Saint Just maniant le jeu d’échec en lieu et place de la guillotine.Annoncée, énoncée, prémachée,répétée inlassablement, en boucle ou en ligne droite, étalée sur chaque centimètre carré d’un minuscule bureau de police, servi par un dialogue sur-écrit au demeurant pas forcément indigne du théâtre de Jouvet, la fable, éventée de partout, ne prend jamais son amplitude mais reste constamment scotchée dans un face à face qui tourne rapidement à vide faute de carburant.Trop attendue, les papilles salivantes devant un festin nécessairement presque déjà digéré, tout en étant espérés, présentés comme du jamais vu , entrée,plat et dessert sont cousus de fil très blanc avant même la première bouchée, l’évident plaisir que ressentent les acteurs à incarner ce faux suspens n’est du coup que modérément partagé par des gourmets pour partie très largement restés sur leur faim, las qu'il sont de se faire constamment repasser les plats.