Gatsby le magnifique par JimAriz
Le peu prolixe Baz Luhrmann revient avec l'adaptation de l'année, celle faîte tout spécialement pour lui, le réalisateur adepte du clinquant, de la fête et d'histoires d'amours impossibles. Et encore une fois le cinéaste australien ouvre les festivités de Cannes comme il se doit.
Son film est une adaptation réussie du roman de Fitzgerald, et ce n'est pas peu dire. Formellement d'abord, le film est brillant dans tous les sens du terme. Il réussit une mise en image et en contexte parfaite des années 20, les Années Folles des Etats-Unis et toute sa riche atmosphère reluisante. Les détailles portés sur tout, décors, costumes, acteurs nous en met plein la yeux. Mais sous le vernis, un lieu industriel qui baigne dans la boue et la poussière, lieu de résidence de Myrtle, menace de croquer un jour ou l'autre la grand pomme qui s'étend devant lui. Comme du passage de l'été à l'automne, le film arrive parfaitement à transiter petit à petit, comme le livre, de la fête à l'horreur. Pendant toute l'oeuvre on sent l'ombre de la Dépression qui arrive, la crise et la guerre. Baz Lurhmann rend parfaitement compte de cette atmosphère festive qui se ment à elle-même, tout comme les personnages. Et au-delà de tout ça, une société qui se ment à elle-même, tout ne va pas si bien en 1922.
Alors si l'adaptation est réussie, on regrette une chose. Le roman de Fitzgerlad a souffert d'un gros échec à sa sortie, reconnue plus tard comme chef d'oeuvre car l'auteur s'est avéré visionnaire. Jack Clayton a réalisé son adaptation dans les années 70, quand tout allait bien en faisant de son film une sorte de sonnette d'alarme. Le film de Lurhmann, sorti en pleine crise économique, peine à trouver des échos avec aujourd'hui, malheureusement.
Mais on ne boude pas son plaisir devant ce spectacle, quoique toutefois un peu longuet, mais purement jouissif et fin. Le casting est absolument parfait, ce Gatsby là est magnifique, c'est du vrai cinéma.