Avant Rocky, avant Raging Bull, il y avait Gentleman Jim. Perle ultra-classieuse dans la carrière de taulier de Raoul Walsh, Gentleman Jim est un film réussi de bout en bout, drôle et touchant, dynamique et moderne. Voilà, trois lignes de critique et je ne sais plus quoi écrire, j’ai déjà lâché le morceau. Bigre.

Replaçant la boxe, le sport des gentlemen, dans un contexte absolument génial, la fin du XIXème siècle, Walsh met en scène l’ascension fulgurante de Gentleman « Errol Flynn » Jim. J’ai aimé comment tout le film s’articulait finalement autour d’un rêve, celui qu’on a quotidiennement lorsqu’on exerce un métier sans passion, celui de faire autre chose. Je craignais dans un premier temps la romance superflue, et non, tout s’enchaine et Jim part à la poursuite de son rêve des suites d’une rencontre fortuite.

Walsh tourne cette obstination du rêve quelque peu en dérision, Jim veut se faire accepter et remarquer, mais derrière cette certaine lourdeur il n’y a que du beau et du sincère. Le gars en veut, il veut se battre, il est né pour. Viennent donc les combats. Et là, je suis absolument abasourdi par leur dynamise. Il y a un travail remarquable dans le découpage qui confère au film une étonnante nature moderne. C’est punchy, oui, c’est le mot. Tout est rythmé et monté avec perfection, jusqu’à même ces inserts sur les pieds dansants d’Errol Flynn en plein combats qui ne sont pas sans rappeler, un peu avant l’heure, certains plans qu’on avait dans les combats de Rocky. Puis c’est rudement bien photographié, le noir & blanc vit pleinement, l’image a son relief, de la profondeur… Mais que demande le peuple ?

On pouvait également craindre qu’étant grossièrement « un film de boxe », Gentleman Jim s’articule autour d’un univers manichéen avec une flopée de méchants à combattre et puis un gros méchant en combat final. Mais non, c’est beau, c’est très beau. Walsh renverse les clichés et propose un final (je ne parle pas du combat final) extrêmement juste, inattendu par ailleurs.

Puis il y a cette performance d’Errol Flynn, juste monstrueuse. On sait tous qu’Errol Flynn était un bel homme. Mais là, c’est autre chose. Là, il est superbe. On ne peut que croire dans son personnage. Evidemment d’une part parce qu’il est bien écrit, mais aussi parce que Flynn le rend réel. Véritablement diable débordant d’énergie dans les combats, il fait aussi vivre littéralement les parties dramatiques du film. Il magnétise autour de lui un aura de charisme et de justesse incroyable.

Gentleman Jim est donc une perle immanquable pour tout amateur du genre, et par genre j’entends aussi bien amateur de film de boxe comme amateur de cinéma Hollywoodien classique. Il confirme par ailleurs que la boxe est probablement le sport le plus cinématographique qui soit avec le sport automobile. Grand film, grand réalisateur, grand acteur, c’est vraiment difficile de demander mieux. Puis profitez-en parce que bientôt sur nos écrans on va bouffer le film bidon qui oppose Rocky à Raging Bull.

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le 5 oct. 2013

Critique lue 361 fois

10 j'aime

Lt Schaffer

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