Ce film respecte l'original dans ses musiques, en effet on reconnait parfois quelques allusions sonores à la musique de Kenji Kawai


jusqu'à finalement l'entendre véritablement


. Il respecte aussi l'original dans son esthétique car on retrouve les plans les plus emblématiques recopiés à l'identique et sinon, on trouve de belles images d'hologrammes qui nous plongent vraiment dans une ville du futur. Le jeu des acteurs n'est pas non plus mauvais, mais alors qu'est-ce qui ne va pas ?
Tout d'abord il y a une différence entre adapter et recopier, le fait de recopier des plans à l'identique, une fois ça va mais quand c'est à ce point récurrent, ce n'est plus un hommage, c'est presque du plagiat. L'autre problème c'est la cohérence parce que des agents armés et prêts à en découdre, avec le visage couvert d'un masque de fer, c'est plutôt intimidant mais lorsqu'on a de quoi se protéger le visage mais pas même un gilet pare-balles, c'est assez risible. De même, on voit l'antagoniste frapper la femme travaillant dans le laboratoire, avec ses yeux amovibles, il lui arrache ses yeux amovibles et on voit très clairement qu'il lui donne un coup de poing mais sur les plans qui suivent son visage est totalement intact, comme sorti d'usine, seule la partie des yeux manque. Il y a aussi un grave problème de rythme, car de nombreuses scènes qui durent chez Mamoru Oshii et qui participent à ancrer les personnages sont ici réduites à quelques secondes, par exemple le moment ou Batō nourrit son chien ou plutôt des chiens ici. Mais dans le même temps, malgré ces raccourcis le film souffre de longueurs, de scènes qui n'apportent aucune intensité au film. On constate aussi que ce film est un mélange de scènes empruntées ça et là pour donner une histoire originale et l'initiative est louable car une copie conforme aurait été plus que décevante mais là en l’occurrence ça n'a aucun sens, et essentiellement en raison des scènes iconiques, parce que ce qui fait qu'une scène est iconique c'est précisément qu'elle est porteuse de sens, d'enjeux, or ici puisqu'elles se suivent de manière hasardeuse elles nuisent à la cohérence du propos et semblent seulement être là non pas pour faire référence à des points précis des films d'animation de Mamoru Oshii, pour faire sens mais seulement pour dire "on a respecté le matériau d'origine", comme pour se protéger de la communauté de fans, ils sont vraiment des prétextes. Enfin, la lacune essentielle de ce film, c'est le doute. Parce s'il y a bien quelque chose d'omniprésent dans Ghost in the shell à l'origine, c'est le doute, avec de multiples références ou phrases évasives ça et là qui invitent perpétuellement à se questionner et qui donne toute son intensité à l'univers et pas seulement des questions sur l'univers dans lequel évoluent les personnages, des questions sur la condition humaine, la définition du réel et autres questions philosophiques de premier ordre que les films prennent bien soin de ne pas résoudre par le choix d'une opinion tranchée qu'on déciderait d'asséner au spectateur à plusieurs reprises pour s'assurer qu'il ait bien intégré. Ici il n'en est rien, si vous aviez peur de vous perdre, n'ayez crainte, on vous prend par la main et on vous donne même le trotteur si vraiment vous êtes incapables de faire le moindre lien entre les divers éléments du film, la seule chose qu'il y a à retenir, et même si c'est l'enjeu du film, ce n'est pas un spoiler car vous l'avez déjà entendu à de nombreuses reprises, c'est qu'on se définit par ce qu'on fait, qu'il n'y a pas de fatalité, que ce qu'on est ne dépend que de nous, bref : on est libre, notre destin nous appartient. Autant dire que ça n'a rien de novateur, et justement on est très loin des questions que se pose Kusanagi dans l'original est qui ne sont pas de simples questions de morale et de volontarisme mais des questions vraiment métaphysique, parce que le fait d'avoir un corps complètement artificiel ça pose des questions et pas seulement "qu'est-ce que tu sens ?" quand elle pose la main sur le visage d'un vrai être humain. Et avec tout ça on a le droit, à la fin à un plan iconique et pour le coup pas du tout tiré de l'univers de Ghost in the Shell, ce plan aurait pu être tiré d'un Spider-Man, d'un Batman ou que sais-je encore, c'est celui d'un personnage en haut d'un gratte-ciel contemplant la ville, près à intervenir pour secourir la veuve et l'orphelin, celui d'un super-héros.
Pour ces raisons ce film dénature totalement l'univers de Ghost in the Shell en le réduisant à une trame ou au pire à un élément de décor servant à cacher un propos très ordinaire qui néanmoins semble toujours faire recette.

Begrijp
2
Écrit par

Créée

le 30 mars 2017

Critique lue 311 fois

Begrijp

Écrit par

Critique lue 311 fois

D'autres avis sur Ghost in the Shell

Ghost in the Shell
T-rhymes
4

Il est où le Ghost ?

Ghost in The Shell.... Adaptation live des films d'animation Ghost in The Shell et Ghost in The Shell 2 Innocence, sortis respectivement en 1995 et 2004, . Eux même adaptés du manga culte de Masamune...

le 23 mars 2017

114 j'aime

26

Ghost in the Shell
Velvetman
6

Human being in The Shell

Le Ghost in The Shell de 1995 voyait le Major se poser une question : « Qu’est-ce que je suis ». La version hollywoodienne avec Scarlett Johansson en lead voit ce personnage mi humanoïde mi...

le 30 mars 2017

99 j'aime

4

Ghost in the Shell
Behind_the_Mask
7

Phantom Pain

Cher abonné, A travers ce modeste avis, j'aurais pu, après vous avoir dit que je m'étais rematé Ghost in the Shell, Innocence, Stand Alone Complex et Arise, me lancer dans un jeu des sept erreurs...

le 1 avr. 2017

91 j'aime

30

Du même critique

Happy!
Begrijp
4

Une série "satisfaisante"

Je qualifie cette série de satisfaisante non parce qu'elle me satisfait mais parce qu'elle me semble être de la même nature que les vidéos dites "satisfaisantes" qui fleurissent sur le net et qui...

le 2 mars 2019

La grande bellezza
Begrijp
7

Festivus festivus

J'avais vu ce film il y a quelques années et je crois que j'ai été trop subjugué par la bande son et ses images magnifiques pour en voir les défauts. Parce qu'indépendamment de ces deux qualités le...

le 29 mai 2018

Ghost in the Shell
Begrijp
2

Sans aucun doute…

Ce film respecte l'original dans ses musiques, en effet on reconnait parfois quelques allusions sonores à la musique de Kenji Kawai

le 30 mars 2017