Un tueur en série kidnappe de jeunes et jolies étrangères dans les rues de Rome avec son taxi. On retrouve leurs cadavres torturés aux visages mutilés. Un jeune Top Model (Elsa Pataky, très décorative et plutôt convaincante) est enlevée à son tour. Sa sœur ainée (Emmanuelle Seigner, belle, belle, belle et plutôt bien dans le film) se tape l'incruste auprès du détective new-yorkais (Adrian Brody, mauvais comme un cochon !!) chargé de l'enquête afin de la retrouver.

Tout le scénario tient dans ces cinq lignes mais l'on sait déjà que les scénarios n'ont jamais été le fort de Dario Argento, ce qui ne l'a autrefois pas empêché de broder quelques immenses chef d'œuvre sur des canevas plutôt faiblards... Autant le dire tout de suite, cela n'est vraiment pas le cas ici et le film dépasse même d'assez loin sa pourtant généreuse mauvaise réputation... hélas.

Après quelques "passages à vide" dans les années 90/2000, qui avaient vu éclore quelques uns de ses pires navets, Argento s'était offert un retour en grâce avec les deux épisodes mémorables des Masters of Horror : Jenifer & Pelts. C'était finalement la télévision qui avait permis une résurrection en grandes pompes du maitre italien, aux États Unis... Bénie soit la sainte TV & God bless the USA !!!

Tous les espoirs étaient alors de nouveau permis pour le fan de base que je suis (et que je reste malgré tout, en souvenir d'un passé plus glorieux) mais malheureusement Argento ne semble plus depuis vouloir cesser de décevoir.

Et puis il y eu le pire coup qu'Argento pouvait nous faire: bacler le dernier volet de sa trilogie des 3 mères (Suspiria & Inferno) après presque 30 ans d'attente, le film, totalement indigent et franchement raté, semblait cette sonner le glas de l'amour immodéré que je portais à Argento depuis plus de 30 ans...
Il y avait beau y avoir ici et là dans le film quelques séquences réussies, quelques jolies trouvailles, ou quelques plans originaux, on ne pouvait guère plus se voiler la face:
Argento n'en a tellement plus rien à foutre qu'il se fait hara-kiri sur grand écran et trahit toute l'admiration et les espoirs porté en lui.

En effet, Mother of tears faisait preuve d'un tel manque de respect envers son sujet, ses acteurs, son script et ses spectateurs que cela ressemblait fort à un coup de grâce, à l'ultime trahison, impardonnable, peut-être...
L'annonce d'un retour aux sources du giallo, avec un budget plus confortable, doté d'un casting international et alléchant, avait pourtant, une fois encore, fait renaître l'espoir.
En vain: Giallo est probablement un des plus mauvais films d'Argento, l'un de ceux dont on parvient même pas à sauver un plan, une scène, une idée... un naufrage artistique total doublé d'une véritable tromperie sur la marchandise.

Car ici, point de giallo en réalité. le film est un simple thriller à l'américaine (au rythme et au relief de série télévisée allemande...) mais n'use d'aucun des codes de mise en image, en musique, en couleur, du giallo, genre très daté, aux style très marqué et répondant à des codes très précis, notamment esthétiques.
Ici, en guise de giallo... c'est le tueur qui a la jaunisse !
Ça ressemble à une blague ?
Ça n'en est pourtant pas une... c'est la plus élémentaire vérité: le tueur a le teint jaune car sa maman était héroïnomane et qu'il est né avec une grave maladie de foie détériorant son teint...
Je vous jure qu'il ne s'agit nullement d'une plaisanterie. D'ou le Giallo (jaune, en italien) du titre...
Cela vous donne t'il une vague idée de l'étendue du désastre ?
Si j'ajoute que ce détail nous est révélé en japonais par un des "cadavres" qui retrouve son souffle l'espace d'un instant pour murmurer cette révélation dans le petit magnéto d'Adrian Brody, je vous fait un dessin ?

Tout le reste est à l'avenant:
La mise en scène - en admettant qu'on puisse employer ce terme - est plate voir inexistante et ferait passer Olivier Marshall pour Jean-Pierre Melville...
La direction d'acteur... bah nan... tout le monde semble livré à lui même et fait ce qu'il peut avec ce qu'il a... Les filles s'en sortent à peu près... Brody est ridicule du début à la fin et a l'air de lire son texte en s'en foutant royalement ou en se disant "Mais qu'est-ce qu'il m'a pris de produire cette bousasse ???, Rendez-moi mon pognon !!!".
Et je ne vous parle même pas du tueur, parce que là, je risque de me remettre à pleurer... et pas de rire... Vous voyez Quasimodo... peint en jaune ? Casimir, quoi...
Parce que ça n'est même pas drôle... il n'y a même pas la démesure du nanar, à laquelle on pourrait se raccrocher, et compenser le reste par de la pizza et des bières.
Non, là c'est juste un triste gâchis, un film vide, sans regard, sans vie, sans âme ni frissons et qui - après Mother of tears, The Card Player ou Do you like Hitchcock - n'augure vraiment rien de bon pour l'avenir...
D'autant qu'il n'y aura pas de 3ème saison des Masters of horror pour lui sauver la mise.
Reste la solution nostalgique de se replonger dans la DVDthèque idéale et de noyer son chagrin dans le talent, voir le génie de sa filmographie.
Et d'admirer la sublime affiche de Giallo, non plus comme la promesse d'un chef d'œuvre, mais comme un hommage au genre qu'Argento avait jadis autrement honoré...
Avec Seigner, la seule chose à sauver de l'oubli... c'est bien peu.
Foxart

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