Film double, il se dirige aussi à deux publics différents, essayant ainsi de réaliser un délicat grand écart pour satisfaire autant monsieur que madame.
C’est pour certains ce qui fait la grâce du film, et pour d’autres ce qui le gâche. D’un côté, le monde secret des casinos, où se mêlent en sous-main politique, affaires sales, police secrète et hommes de l’ombre, où tous les personnages sont suspects, créant ainsi une ambiance noire, tendue, intrigante, au suspens prenant.
Puis, d’un autre côté, une histoire d’amour, assez attendue, avec une créature sexy, grande allumeuse, jouant avec de nombreuses allusions aux connotations sexuelles (la première danse, le gant ôté, la cigarette allumée à hauteur de ceinture, etc), aussi garce qu’attirante, sachant un peu danser, un peu chanter mais surtout éveiller la libido, faisant pencher le récit du côté romantique sans toutefois lui faire perdre totalement son âme.
À nos yeux, cette Gilda aux longues jambes et à la langue bien pendue, bien qu’elle ait des attributs non négligeables, a pris bien des rides bien sûr en termes de pouvoir d’excitation. Par ailleurs, toute l’intelligence déployée pour manipuler émotionnellement son amoureux lasse, devient redondant et frôle le mélo, faisant de cette manière dévoyer le récit vers une incohérente direction d’où le scénario peine à sortir avant de retrouver tant bien que mal son chemin. Tout ça pour mettre en valeur une Rita Hayworth sur laquelle plus d’un dut alors fantasmer mais qui hélas aujourd'hui n'excite guère la fantaisie.
Un film culte avec l’égérie d’une époque révolue.