J'avais beaucoup aimé Ginger snaps, mais je ne comptais par voir les deux suites. Pourtant, sur SensCritique, un de mes éclaireurs m'a conseillé le 2, et j'ai ensuite lu sur DevilDead une critique disant qu'il s'agissait d'une suite justifiée, qui a quelque chose à raconter. C'est d'autant plus surprenant que cette suite, qui arrive 4 ans plus tard, n'est ni du même réalisateur, ni des mêmes scénaristes.
Comme récemment j'ai voulu voir de bons films de loup-garous (ce qui a échoué), après avoir vu La compagnie des loups, je me suis procuré celui-ci.

En 4 ans, Emily Perkins a eu le temps de devenir plutôt jolie, elle fait moins garçon manqué que dans mes souvenirs. Mais à travers son personnage de Brigitte, elle offre toujours une représentation juste et crédible de l’outcast, qui rejette les tentatives des autres à aller vers elle. Dans sa façon de se tenir, elle montre qu’elle est renfermée sur elle-même, mais elle a toutefois une répartie qui dénote une certaine confiance.
Brigitte se scarifie maintenant, ce qui est dans l’esprit du personnage, mais la scénariste trouve aussi une fonction superbe à cela : ces coupures servent à vérifier la rapidité de la guérison de Brigitte, car elle a en elle cette maladie qui avait transformé sa sœur en loup-garou. Ce qui est génial, c’est qu’ainsi, cette suite aborde de nouveau le thème des problèmes de l’adolescence par le biais de métaphores, comme le premier film, mais en s’intéressant cette fois aux envies suicidaires. Brigitte se scarifie et hésite grandement à se tuer, et là, elle a vraiment de bonnes raisons pour.
Pour ralentir le processus de transformation, elle s’injecte de l’aconit dans les veines. Ca nous est expliqué de façon assez intelligente, grâce à l’intervention de Ginger, qui parle à Brigitte, sous la forme d’une apparition. Il y a une idée sympa de mise en scène pour se distinguer des autres scènes de ce type : on entend la voix de Ginger en off, avec de l’écho, et quand le personnage est à l’écran, elle remue un peu les lèvres, mais le mouvement ne correspond pas totalement à ce qu’elle dit.
Si je me souviens bien, dans le premier film, l'une des deux héroïnes tuait sa sœur alors qu'elle était sous la forme d'un loup-garou. J’ai cru que Ginger allait revenir, mais le titre français, "Résurrection", n’est qu’un leurre.

Un soir, Brigitte est retrouvée après s’être injecté l’aconit, et est emmenée dans un hôpital, où elle est mise sous traitement. Evidemment, elle est privée de son remède, qu’on prend pour une drogue ; idée superbe.
"If you keep me here, people are gonna die", un avertissement de Brigitte qui est pris pour une menace.
Brigitte rejoint un groupe de psychanalyse, où tout le monde est assis en cercle, comme dans Freddy 3, mais en bien moins gai.
Et comme dans Freddy 3, il y a un infirmier qui essaye d’abuser des filles en exploitant leur addiction, mais là aussi c’est traité avec plus de gravité.
Ginger snaps 2 adopte un ton sérieux, grave, avec efficacité… et là, tout d’un coup, alors que pendant une session de groupe Brigitte décrit sa transformation en loup et sa mort violente, une psy note "lesbian ?" sur son carnet. POURQUOOOOOIII ?! Ca gâche tout ce qui a été établi jusque là, cette petite note d’humour débile, facile, vulgaire, déplacée !
C’est comme la scène chez le gynécologue dans Teeth : tout allait bien jusque là, mais à partir de cette seule et unique mauvaise scène, c’est le déclin, tout s’écroule et devient progressivement nul.
Dans Ginger snaps 2, il y a ensuite une scène ultra lourde où l’envie de chair et de sexe de Brigitte se manifeste par une vision où, pendant un exercice de groupe, toutes les filles se masturbent, sous l’ordre d’une psy qui dit d’imaginer mordre dans de la chair.

Dans la seconde partie du film, il y a des jump-scares, des effets spéciaux et maquillages assez mauvais, et une impression globale de voir une série B, tandis que le premier film, fait probablement avec moins de moyens, avait de la classe.
Mais le pire dans Ginger snaps 2, je dirais que c’est le personnage de Ghost, cette petite fille tarée, très agaçante. Elle se même de tout, elle écoute aux portes, sans raison soudainement elle peut se mettre à inventer une narration à ce qui se passe au moment-même, elle découpe des images de comics et magazines pour faire des collages moches, … Elle a l’air sérieusement dérangée. Et il y a plusieurs choses que je n’ai pas compris : pourquoi est-ce qu’elle a un deal avec Tyler, l’infirmier pervers, pour qu’il lui raconte tout ce qui se passe ? Pourquoi est-ce que sa grand-mère, grande brûlée, essaye d’appuyer sur le bouton pour appeler l’infirmière dans une scène où Ghost vient à ses côtés ? Comme si la simple présence de sa petite-fille la tourmentait. Certes, plus tard on apprend que Ghost a brûlé sa grand-mère, mais je n’ai pas compris pourquoi, à ce moment-là, où la fillette ne fait rien de spécial, la grand-mère a essayé d’appuyer sur le bouton.
Ghost est une fillette (on dirait qu’elle a 12 ans, même si elle est jouée par une actrice de… 19 ans ! ça m’a abasourdi quand j’ai vu ça sur IMDb), mais quand elle voit un cadavre, son premier réflexe c’est de mettre des pièces sur ses yeux à l’intention du passeur, et quand elle s’échappe de l’hôpital avec Brigitte, c’est elle qui conduit. Ca achève de rendre le personnage complètement inconsistant. Même si ensuite on la voit aussi créer un épouvantail piégé, à la McGyver.
Mais j’ai vraiment eu envie de buter Ghost uniquement à la fin, quand elle dévoile toute sa psychopathie. La conclusion d’ailleurs est totalement WTF, on dirait qu’on n’est plus dans le même film du tout, et le personnage principal n’est plus Brigitte, la jeune femme tourmentée, dont on laisse le sort de côté, mais Ghost, la fillette de 12 ans complètement malade.

Entre la première demie-heure et le reste, on dirait deux films différents. Le premier étant très bien, le second totalement nul. C’est dingue qu’on puisse passer comme ça de l’un à l’autre… quel dommage.
Bon au moins j’ai appris dans la seconde partie qu’à défaut d’avoir une seringue, on peut se mettre un produit sous forme liquide dans les yeux, par un compte-gouttes, ça fonctionne mieux que la consommation orale, car la salive tue les toxines.
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le 10 nov. 2013

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Wykydtron IV

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