Ce n’est pas un secret pour ceux qui s’intéressent un tant soit peu à la filmographie de Shyamalan : le réalisateur peut être capable du meilleur… Comme du pire. Et il n’y a pas si longtemps, il était encore dans sa période « du pire ».
Avec « Split », il a signé son retour en tant que réalisateur au potentiel énorme (bon, pour certains c’est avec « The Visit », mais je le trouve plutôt moyen), et avec « Glass », il confirme cette place.


Déjà, le casting est génial.
Il y a quand même Bruce f*cking Willis, face à Samuel L f*cking Jackson, avec en plus Anya Taylor-Joy que j’aime énormément depuis « The Witch » et « Le Secret des Marrowbone » et à qui j’envoie tout plein d’amour… Mais bordel… A la manière dont Hedwig vole la lumière à Kevin, James McAvoy éclipse carrément tous ses partenaires.
Il est incroyable, exceptionnel, époustouflant, magistral, et tous les adjectifs hyperboliques qui vous feront penser que j’en fais trop mais j’y peux rien je suis amoureuse de son talent help me.
On retrouve aussi, presque vingt ans plus tard, Spencer Treat Clark en Joseph Dunn, le fils de David, qui a évidemment bien grandi et que j’ai beaucoup aimé, mille fois plus que dans « Incassable » (où il m’énervait passablement). Pareil pour Charlayne Woodard, qui reprend le rôle de la mère d’Elijah Price (aka Mr. Glass).
Enfin, il y a Sarah Paulson la nouvelle venue du casting… Qui est là. Disons que je n’aime pas son personnage et qu’elle n’est pas extrêmement développée donc… Elle est là. Et elle joue plutôt bien, je suppose.


La réalisation de Shyamalan est quant à elle toujours aussi appréciable : les plans sont extrêmement travaillés, tout comme les couleurs, le sens vient du fond comme de la forme…
Bref, c’est du très bon travail de la part du réalisateur, à qui j’excuse même son caméo, toujours plus long, toujours plus forcé, mais dans lequel il a l’air de bien s’amuser ! (Mais je dois dire que sa voix française ne lui va pas. Du. Tout.)


En plein milieu de mon premier visionnage, alors que je me demandais si le film était bon ou TRÈS bon, une pensée m’est venue à l’esprit : « En tout cas, il est super divertissant ! ». Et je dois dire que, pour moi, c’est à 98% grâce à Kevin. (Et quand je dis Kevin, je veux aussi évidemment parler de Dennis, Hedwig, Patricia, Barry, La Bête…)
Il est encore une fois le personnage le plus intéressant du film, à la fois drôle, flippant, touchant… En un mot, il est FASCINANT. L’interprétation magistrale (époustouflante, incroyable etc.) de McAvoy y est pour beaucoup… Et Shyamalan le sait.
Il suffit de voir la scène où Kevin fait intervenir une bonne demi-douzaine de personnalités en quelques minutes : elle peut sembler trop longue ou trop forcée, mais on voit bien que c’est un prétexte pour montrer tout le talent de l’acteur, et, personnellement, j’en redemande !
En fait c’est simple, j’attendais chacune de ses interventions avec impatience, de la même manière que j’attends chaque scène du Joker dans « The Dark Knight » ou chaque apparition du Bourbon Kid dans « Le Livre sans Nom »… Et quand on sait qu’ils sont deux de mes personnages préférés au monde (dans deux de mes films et livres préférés au monde), vous pouvez facilement comprendre à quel point j’ai aimé Kevin et à quel point, selon moi, il a porté le film.


Parce que bon, oui, le film n’est pas aussi parfait que la performance de James McAvoy, et j’ai deux reproches majeurs à lui faire.
Le premier concerne la manière de divulguer certaines informations, qui tourne parfois à de l’exposition pure et dure.
Ce sont par exemple des phrases comme « Oui, nous savons que votre mère est morte de telle manière il y a tant d’années ! »… Vous savez, ce genre d’information que le protagoniste connaît déjà, mais qu’il faut faire connaître au spectateur, d’une manière souvent peu subtile. Même si je sais que c’est un problème assez minime, il y en a pas mal dans le film.
C’est d’ailleurs le même (et peut-être le seul) reproche que j’avais à faire à « Split », donc aux niveau des défauts, il y a une certaine cohérence entre les deux films…


Mais sinon, parlons-en, de la cohérence dans « Glass », puisque c’est mon deuxième (et plus gros) problème avec le film.
Par exemple, dans le cas où vous retenez trois personnages extrêmement dangereux et/ou puissants (à savoir Mr. Glass, David Dunn et Kevin qui peut se changer en Bête quand il le souhaite) dans un asile psychiatrique, vous ne laissez pas UN SEUL gardien/infirmier pour les surveiller la nuit. Surtout pas quand le-dit gardien/infirmier met un bon quart d’heure avant d’arriver à son poste de travail, laissant les trois personnages certes enfermés, mais sans aucune surveillance.
Même remarque pour les policiers qui sont étonnamment inefficaces voire idiots dans ce film.
Alors je sais bien que tout cela est fait pour que le film ne se résume pas à deux heures de « Mr. Glass + David + Kevin enfermés dans leur cellule », et qu’il faut permettre aux protagonistes d’interagir entre eux… Mais ça semble parfois facile, voire même carrément absurde, et j’avoue que ça m’a un peu fait sortir du film par moments.


Si je n’ai pas eu plus de problèmes que ça avec le film, je sais que la fin pourra en DIVISER certains… (« Split », « diviser »… OK ça marche mieux en anglais.)
Déjà, si David Dunn est ici plutôt effacé (ce qui est normal, il a déjà eu son propre volet de la trilogie), c’est la même chose pour Mr. Glass, qui donne pourtant son nom au film… Je me suis demandée si le titre était d’ailleurs bien choisi, jusqu’à ce que la fin du film réponde à ma question : oui, c’est bien le film de Mr Glass, il y joue le rôle le plus important… Mais ça ne se sait qu’à la fin.
Et ce n’est pas le seul moment où le film va déjouer les attentes du spectateur : déjà, pour son intrigue global, qui se passe majoritairement dans l’asile psychiatrique, mais surtout pour sa fin.
Le film nous amène dans une direction, nous « promet » un dernier acte très mouvementé… Et ça n’arrive jamais. Enfin, pas comme on le pense. Et, si ça ne m’a pas énormément posé problème, je sais que ce ne sera pas le cas de tout le monde, et que certains pourront se sentir biaisés… Mais je pense que partir dans la direction indiquée par le film aurait été bien trop « spectaculaire », peu réaliste, et n’aurait donc pas collé à l’ambiance de la trilogie.
Et faire simple quand on peut faire spectaculaire, c’est très osé, surtout en ce moment, bravo Mr. Shyamalan !


Quant à ce qu’il se passe concrètement à la fin… Je ne peux évidemment pas vous le dire ici, mais sachez que ça m’a volé une partie de mon âme que je ne retrouverai jamais. Et pourtant, même si ça me fait mal de l’admettre, c’est une conclusion très satisfaisante de la trilogie, qui respecte son propos du début à la fin, et je pense que ça aurait difficilement pu se terminer autrement.
En tout cas, je trouve que le message de Shyamalan est très beau, et, même s’il arrive un peu tard (on sait tous que les super-héros ont le vent en poupe en ce moment), il n’en reste pas moins appréciable. (Aussi appréciable que les rôle des personnages secondaires – Casey, Joseph et la mère d’Elijah – qui, à la fin, sont tous réunis pour la même cause, et plutôt touchants.)


En bref, j’ai A-DO-RÉ « Glass » qui est, malgré ses quelques erreurs, un film très divertissant et très bon, autant que ses prédécesseurs, mais aussi une bonne conclusion pour la trilogie.
A un moment où les studios font tout pour faire des super-héros des personnages de blockbusters certes drôles, colorés, grandioses, mais en vomissant toujours plus d’effets numériques et sans grand message de fond derrière, M. Night Shyamalan nous rappelle que les héros peuvent aussi exister dans notre monde, si l’on prend la peine d’y croire.

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le 24 févr. 2019

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