Consécration de l'anomalie par l’héroïsme

Cette analyse du troisième et dernier volet de la trilogie de M. Night Shyamalan ira de pair avec une oeuvre drama satirique ibérique : Pieles (2017) réalisé par Eduardo Casanova [à venir].


19 ans s'écoule après Incassable, le petit oeilleton de Shyamalan départage d'abord les critiques entre piètre réalisation prosaïque et pontifiante et humble introspection conjuguée à une sage et réfléchie conception de l'enfance et de l’héroïsme.
Les années passent durant lesquelles les super-héros marveliens, nolaniens et ceux de la Distinguée Concurrence se succèdent, le temps pour ces derniers, millionnaires industriels de bâtir leur empire. Tapis dans l'ombre, Shyamalan récidive dès 2017, bien décidé à construire le sien.


Split ré-ouvre les festivités en 2017 mais se retranche davantage dans sa thématique en huis-clos sans prendre le soin de construire l'horizon de son successeur. En bref, c'est sympa mais décousu.
Deux ans plus tard, Glass en deviendra alors une des meilleurs Gap year sequel contemporaines qu'il puisse exister, sans rien envier aux mornes et sirupeuses suites soft reboot que sont Jurassic World, Terminator et autres débilités fantastiques.


Le troisième opus conservera en effet sont matériau de base de son prédécesseur, en se prémunissant de conserver toute la sobriété et la subtilité de son propos initial.
Glass y apportera même une notion fondamentale à la thématique du comics et de l’héroïsme : la puissance du super-héros, et son existence même, sont fonction de sa foi, et celle d'autrui.



Belief in oneself is contagious.



Le héros a besoin de son antipode nous dit Incassable, lesdites figures manichéennes sont dépendantes de leur public nous dit Glass, tel le concepteur de comics avec ses lecteurs ou bien les dieux avec leurs fidèles adorateurs. L'intriguant personnage interprété par la talentueuse Sarah Paulson fait d'ailleurs mention des divinités. Une analogie faites, qui n'est pas sans sans rappeler le schéma narratif suivi par le trop sous-estimé Hancock.



There just can't be gods amongst us.



Que nous dit l'oeuvre ? Que nous dit le réalisateur ? La normalité du peuple se présente comme un entonnoir engouffré dans la gorge de Shyamalan et dans lequel se déverse du cyanure. L'auteur, à l'instar de Mr Glass, essaie de nous persuader que l'anomalie - qu'elle soit psychologique, physique ou artistique - est certes peut-être moins viable mais sans doute plus mémorable, voire plus légendaire.
Achille cinématique, Achille artistique, bien que de nombreux cinéphiles continuent encore de viser le talon.

Jordan_Michael
6
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le 5 avr. 2019

Critique lue 189 fois

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