Si ‘Pacific Rim’ a relancé le film de Kaiju, ‘Godzilla’ en a rappelé les limites.

Le blockbuster souffre atrocement d’un scénario de série B qui s’essouffle en vain à avoir l’air réaliste ou cohérent. Que Godzilla soit un monstre préhistorique vivant au fond de la mer n’est pas dérangeant, mais qu’on essaie de nous faire croire que les MUTO aux allures tout à fait extraterrestres sont également des contemporains de dinosaures est absurde. Que toutes ces créatures se nourrissent de radiations n’est pas foncièrement choquant, mais les voir avaler des bombes nucléaires est révoltant. Mais là où ‘Godzilla’ perd définitivement toute crédibilité, c’est lorsque le seul argument du film pour expliquer le comportement du monstre éponyme vis-à-vis des MUTO est qu’il est « la balance qui doit rétablir l’équilibre de la nature ».

Par ailleurs, le film commet une autre erreur fatale : celle de focaliser le récit sur une poignée d’humains. En premier lieu, les acteurs sont loin d’être vraiment convaincants avec Aaron Taylor-Johnson un peu fade, Ken Wanatabe dans un rôle monocorde et désolant, et Bryan Cranston surjouant un rôle anecdotique.

Mais surtout, en se concentrant sur des personnages, Gareth Edwards élude de nombreuses scènes de kaiju. En particulier, les apparitions de Godzilla sont paradoxalement rarissimes. On attend avec impatience les séquences de combats apocalyptiques entre les créatures, mais les explosions de violence sont tardives et sont d’une brièveté consternante. Alors que ‘Pacific Rim’ a su faire de ses combats des séquences jubilatoires, on aurait apprécié que les affrontements entre Godzilla et les MUTO sont plus rythmés et moins impersonnels.

Pour autant, ‘Godzilla’ a le mérite de profiter d’une réalisation léchée appréciable pour un blockbuster. Le Godzilla de Gareth Edwards est colossal et impressionnant, les effets de gigantisme des créatures sont réussis, et le film propose de superbes séquences, comme le largage du commando au dessus du champ de bataille de San Francisco. On appréciera également le générique d’introduction, réécrivant intelligemment l’histoire des tests atomiques.

Un film de kaiju raté.
Kroakkroqgar
5
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le 17 nov. 2014

Critique lue 214 fois

Kroakkroqgar

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