J'ai longtemps hésité quant à la note que méritait le Godzilla de Gareth Edwards. Mais les lacunes scénaristiques auront eu raison de ce dernier.

Alors non, on ne va pas juger Godzilla sur son scénario, loin de là. Mais si un blockbuster peut se permettre quelques faiblesses dans ce domaine-ci, il se doit cependant de faire oublier lesdites lacunes. Et sur ce point-là, on ne peut pas dire que Godzilla n'a rient tenté, loin de là. Edwards multiplie les plans qui forcent le respect. Que ce soit dans l'ombre ou dans la lumière, Godzilla se veut fort d'angles de caméra somptueux.

D'autre part, l'attente principale pour cet épisode anniversaire était bien entendu le design de la bête. Et là, franchement, on ne peut qu'applaudir. Ce Godzilla est de loin le plus impressionnant jamais vu. Massif, colossal, immense, jamais on ne prend toute la mesure du monstre. Et sur ce point là, encore une fois, Edwards a tout bon. Il fait de Godzilla une créature mystérieuse, une créature dont on voudrait toujours plus. Seulement à ce petit jeu, Edwards sort perdant. A trop vouloir créer l'envie, il la tue. On sent un Godzilla bien trop limité. Mon attente principale était le cri de ce dernier, je l'espérais à la hauteur d'un cri de Nazgûl de Peter Jackson. Hors, même ici, Edwards se limite, et au final on en veut plus, bien plus.
Et il en va de même avec ce qui fait la saveur même d'un Godzilla : les combats. Le film est long, et la proportion de combats est vraiment trop faible. Il est vrai qu'ils sont jouissifs, et très bien réalisés, avec une caméra à échelle humaine, nous montrant ainsi à quel point l'Homme est dépassé par ce spectacle. Mais 20 minutes de frissons, 20 minutes de sourires, 20 minutes d'extase, c'est vraiment trop peu, pour un film d'une si grande envergure.

Alors nous sommes renvoyés au reste du film, ce qu'il y a de plus mauvais, en fin de compte. Le jeu d'acteur n'est pas si mauvais, on peut même avoir de l'empathie pour les personnages, que ce soit Bryan Cranston ou Aaron Taylor-Johnson. Ils sont plutôt convaincants, même si ils ne sont pas transcendants.
Puis reste une pseudo-morale à deux sous qui pour le coup a vraiment consommé le divorce entre Godzilla et moi. Dans les grandes lignes, on peut entendre Ken Watanabe nous dire "L'Homme pense dominer la nature, mais en fait non c'est Godzilla". Le film entier tourne autour de ça, de la réelle place que tient l'Homme au coeur de la nature. Et la seule réponse à notre si petite place c'est "Let them fight". On sent donc que Godzilla veut souligner notre impuissance face à ce qui nous entoure, mais alors pourquoi s'acharner à nous montrer des immeubles qui s'écroulent, de vaines explosions et des chargeurs qui se vident au hasard ? Pourquoi ne pas nous montrer ce que l'on veut vraiment : l'immensité de la nature ?

J'ai eu du mal à donner une telle note à Godzilla, parce que techniquement, il m'a impressionné. Mais lorsque l'on réduit un blockbuster à du visuel, il faut au moins que ce visuel en vaille la peine. Messieurs, mettez-nous en (au moins) plein la vue ! Godzilla est une déception, car pas à la hauteur de ce qu'on pouvait espérer, pas assez impressionnant pour être LA référence, pas assez impressionnant pour truster le trône des meilleurs blockbusters.
vincentbornert
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le 17 mai 2014

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