A quelques jours de la sortie du Godzilla nouveau, réalisé par Gareth Edwards, il est, je pense, bienvenue de jeter un coup d’œil à la mythologie du roi des monstres. Une mythologie qui a commencé il y a de cela 60 ans.
Alors en pleine reconstruction économique suite aux ravages de la seconde guerre mondiale, le Japon se voit attaqué par un monstre gigantesque, créature préhistorique revenue du passé (c'est un peu logique aussi, il allait pas revenir du futur) suite aux essaies nucléaires. Une force de la nature haute de 50 mètres minimum (on estime sa taille entre 50 et 80 mètres, voire 100. La précision en toute circonstance), rendue radioactive par la bombe H, détruisant tout sur son passage et qui apparaît, alors, innarétable et invincible.
Godzilla est une merveille. Pas parce qu'il montre le roi des monstres dans toute sa beauté et sa magnificence (il y a de ça, bien sûr) mais aussi grâce aux thèmes qu'il aborde. C'est un film qui a su capter les craintes et les peurs de son époque, en majorité liés aux armes atomiques et à la menace d'une guerre nucléaire. Le monstre apparaît alors comme une métaphore de toute cette crainte, renforcé par son côté radioactif. L'homme est impuissant face à cette menace, et le seul moyen qu'il est pour supprimé cette apocalypse est d'être plus destructrice que cette dernière. Et c'est une constatation qui fait froid dans le dos. Au final, il s'agit surtout de montrer qu'en voulant jouer dans la même catégorie que les dieux, les hommes seront les acteurs de leurs propres apocalypses. Malgré le changement d'époque, c'est une constatation qui reste très actuelle et qui fait froid dans le dos.
Mais tout ceci ne serait rien sans la superbe métaphore qu'est Gojira. Roi des monstres dans l'absolu, précurseurs des Kaijus et dieu des lézards géants destructeurs de civilisation, il est l'incarnation de la puissance même. Godzilla est la métaphore de tout le schmilblick entourant le film, une beauté venu du tréfonds des âges pour casser le plus de bâtiment possible dans une danse aussi bestiale que destructrice.
Epoque oblige, il est représenté par un costume en latex porté par un acteur de renom (Haruo Nakajima), donnant force et vie au lézard préhistorique, détruisant tanks miniatures et ville en carton-pâte dans une joie comparable à celle qu'on ressent à le voir utiliser son laser pour ravager les tours de Tokyo. On est équivalent aux personnages du film, regardant le monstre avec effroi, terreur et admiration.
Et même si c'est une réaction très stupide de ne pas s'enfuir devant un tel cataclysme, on ne peut que les comprendre. Après tout, c'est la première fois qu'on voyait la merveille qu'est Godzilla. En tant que spectateur, il nous apparaît comme le seigneur tout puissant, qui se trouve possiblement (on en sait rien) là-haut, a pu le faire à un Moïse ne demandant qu'à guider son peuple. C'est le même cas ici. C'est ,certes, un autre type de guide, mais un guide quand même. Une apocalypse charismatique. Et si notre fin pouvait avoir la même gueule que celle-là, je l’accueillerais avec bonheur et frayeur.
Godzilla est beau, Godzilla est grand, Godzilla est bientôt de retour.
Mon grand, je t'attend fébrilement.