Un blockbuster ? Bouge-pas, j'ai un Godzilla Suisse.

Grosse déception que cette mouture 2014 du plus célèbre monstre Japonais. Malgré une première partie plus que prometteuse, avec une Juliette Binoche crédible et un Bryan Cranston agréable à voir en dehors de ses bassins de chauffe, le reste se délite comme un cristal de met mal stabilisé.
Les bonnes intentions du départ s'effondrent littéralement sous le poids des gros stéréotypes bidons et tristement classiques du genre, l'effet poilant des blockbusters marvéliens en moins.
Tout ce qui est horripilant est là: L'armée et ses gros clichés de personnages qui tachent, le nationalisme plus ou moins exacerbé, le héros bad ass indestructible, (appréciez l'ironie, pour l'acteur fétiche de kick ass...) le personnage féminin complètement inutile qui sert à justifier: 1) des ellipses narratives navrantes et 2) une happy end consternante...
Bref, c'est mal barré, mon Dédé.

LE PIRE POUR TOUT DE SUITE, INUTILE D'ATTENDRE

Le scénario découpé à la hache et la mise en scène dégueulasse ruinent le film dès le premier tiers. L'ambiance s'effondre, et entraîne comme un château de carte tout le reste, exception faite de la photographie et des effets spéciaux, qui demeurent malgré tout inventifs et très bien réalisés. Mais ça sent bon le conflit producteur / réalisateur.

Comme je l'ai dit, la première partie était prometteuse, puisqu'en plus de faire un pont contemporain avec l'histoire nucléaire et de revisiter le mythe de Godzilla avec classe, on nous offrait sur un plateau de nombreuses références à la pop culture de ces dernières années. L'entreprise Tepco de Fukushima est ici renommée Jinra, et fait donc un énorme clin d'oeil aux fans de Final Fantasy VII, avec l'entreprise qui détruira presque le monde, et créera Sephiroth, la Shinra. (shi et ji sont quasiment les mêmes lettres en Japonais: シ et ジ) Les amateurs de "The Last of Us" auront bien sur reconnu les premiers niveaux dans les rues désolées de la périphérie de la ville, envahis par la végétation. Et ainsi de suite. Même le masque à gaz de Breaking Bad pourrait s'inclure dans les clins d'oeils, tellement on y croit, ne manquent que le slip kangourou et la chemise verte. On se laisse donc envoûter par une ambiance savamment mise en place et distillée au compte goûte. Les personnages sont crédibles, le jeu d'acteur est bon. Le scénario bien huilé. Bref, ça marche, on a la garantie d'un film agréable et immersif. Et puis dès l'arrivée sur le site de Fukushima, tout part en vrille. Les bonnes idées du départ se diluent dans la masse d'approximation et perd même (horreur) la touche de finesse qui savait brosser l'observateur attentif dans le sens de la pellicule.

UN SCÉNARIO MALADROIT ET MAL MONTÉ

À partir de ce moment, donc, on n'apprend plus rien sur les personnages. Le peu qui a été construit pour instaurer l'immersion s'arrête brutalement, tout comme l'embryon d'empathie que vous aviez pu développer pour les personnages. Le pont entre la famille de départ et la famille actuelle, qui aurait pu éventuellement donner quelque chose, reproduit avec Ford les même carences affectives et les même schémas de narration, le cliché du héros qui va sauver le monde en plus. Du coup tout le reste de ce qui m'insupporte le plus dans le cinéma grand public Américain débarque en force, et bloque la famille de Ford en bons gros faire-valoirs, sans AUCUN INTÉRÊT NARRATIF. C'est consternant. Et comme si ça ne suffisait pas, on en remettra encore une louche plus tard avec le petit garçon Japonais perdu dans le métro aérien...
Mais les personnages ne sont pas ce qu'il y a de pire dans ce film. Il souffre d'une comparaison douloureuse avec de nombreux blockbusters. Après tout, dans Thor Dark World, Iron Man ou dans Avengers, le côté déconne omniprésent dans les répliques et les rebondissements rigolos donnait du punch et vous garantissait souvent un film sympa, dépaysant et sans aucune autre prétention que de vous garantir une bonne soirée pop corn accompagné d'un Soda Kriptonic. Mais ici le montage dé-gueu-lasse brise le rythme d'une part, et tue dans l'oeuf les rares tentative de faire rigoler. D'autre part, le scénario introduit sans aucune finesse des personnages "side kicks" comme le docteur Wates, le Docteur Serizawa ou les fidèles clones de l'armée inutiles. (général / amiral et Segrent / caporal / bidasse) Du coup toute empathie est impossible, même avec un coeur de bisounours, et on se fait royalement chier pendant l'heure et demie restante. Et oui, le film dure plus de deux-heures...

DES EFFETS SPÉCIAUX RÉUSSIS, MAIS C'EST COMME LE "H" DE HAWAÏ... ÇA SERT À RIEN.

C'est le dernier point. Le film n'est pas un ratage complet. Il vous offre quand même de nombreux points de vue et séquences très réussies d'un point de vue technique, et inventives de surcroît, surtout en 3D. (attaque du train, Halo Jump, disparition de Godzilla dans le nuage de poussière...)
Le problème, c'est qu'à mon sens ces séquences ne servent pas vraiment le propos, car l'essentiel n'est pas là. Pire, la galerie de monstres est plus que faiblarde, et les séquences de combat sont plus que molles. Encore une fois, il y a largement mieux ailleurs, au hasard, les séquences de bastion diablement jouissives entre jaegers et kaïjûs dans Pacific Rim...
Les effets spéciaux mettent en scènes des monstres qui viennent interagir de façon maladroite avec ce pour quoi on est venu: GODZILLA !!! Et même s'il défouraille comme une brute avec les MUTOs, les effets spéciaux de haut vol ne parviennent ni à combler son insertion grotesque et bordélique dans l'histoire, ni surtout, SURTOUT, le manque de dynamisme flagrant des combats.
Pour être précis, je dirais que dès le début du naufrage du scénario, Godzilla n'apparaît plus que comme un cheveu sur la soupe, sans aucune cohérence. Comme si d'un seul coup, il devenait l'unique chance de rattraper toutes les maladresses du film. L'histoire se centre sur les Mutos et les difficultés qu'ils donnent aux humains, et d'un coup, Godzilla sort d'un chapeau pour devenir le sauveur de l'humanité, avec un vague fond de trip écolo-fin-du-mondiste mal dégrossi. Ceux qui ont eu la patience de fritter les deux Armes dans FF VII (Boss optionnels) apprécieront...

CONCLUSION:

Je n'en ai pas eu pour mon pognon. Tout s'est enchaîné pour me pourrir mon côté très bon public et mon optimisme latent d'ado attardé. Histoire qui s'écroule, manque de cohérence, personnages insipides, grosses longueurs, combats mollassons et monstre sans charisme... Ça commence à faire beaucoup.
Bref, pour paraphraser le célèbre Donjon de Naheulbeuk, "On s'emmerde dans cette aventure..."
amjj88
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le 15 mai 2014

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amjj88

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