Cinq ans après un 1er opus en demi-teinte, le plus célèbre des monstres effectue son grand retour dans cette suite riche en effets spéciaux et combats titanesques.
A en juger par le résultat final, on se dit que la Warner a effectivement écouté les principaux reproches adressés au film précédent, à savoir trop de psychologie et pas assez d'action. Alors que justement, le "Godzilla" de 2014 se singularisait par son esthétique assez travaillée et aussi par son envie de se focaliser d'avantage sur les humains plutôt que sur les combats entre monstres. Le problème étant que ce parti pris pourtant audacieux était trop poussé à l'extrême, au point que le fameux Godzilla n'apparaissait (dans son entièreté) que pendant 15-20 minutes sur 2h de film, ce qui, il faut bien le dire, constitue quand même un souci dans un "film de monstres".
Cette suite, aisément sous-titrée à juste titre "King of the monsters", fait justement le contraire. Un peu à la manière d'un James Cameron sur "AlienS", le réalisateur Michael Dougherty nous montre tout, aussi bien les monstres sous toutes leurs formes qu'à travers leurs combats titanesques filmés tels des combats de gladiateurs.
En matière de grand spectacle, "Godzilla 2" envoie du lourd, certes; de manière pas toujours très fine, mais efficace et haletante, réussissant même à iconiser à plusieurs reprises le roi des monstres. Ainsi, en un peu plus de 2h de film, nous assistons à un affrontement dantesque entre plusieurs créatures mutantes comme on en a rarement vu auparavant, le tout filmé sur des décors de fin du monde très bien représentés (ciel littéralement en feu, mer déchaînée).
Malheureusement, prendre le contre-pied de son prédécesseur en se focalisant d'avantage sur l'action pure plutôt que sur le reste ne suffit pas à redresser la barre. En fin de compte, en terme de psychologie des personnages, cette suite présente les mêmes problèmes que son grand frère en nous proposant des humains toujours aussi stéréotypés : père de famille déprimé et alcoolique ayant abandonné sa famille suite à la mort de son fils, mère scientifique faisant passer son amour des monstres avant le reste du monde, scientifiques qui passent pour des illuminés...
De fait, en nous donnant à voir de telles figures narratives relevant du déjà-vu et du sur-exploité, on peine clairement à s'identifier à elles.
De même, le ton général du film, partagé entre 1er et second degré, n'est pas toujours facile à saisir. Avec son scénario truffé de dialogues scientifiques sur fond de radiations et d'écologie, on a parfois l'impression qu'il cherche à faire "compliqué pour faire compliquer", à croire que désormais, un Blockbuster américain se sente obligé de se la jouer un minimum "intello". En soi, ce n'est pas un mal, mais encore faut-il que cela soit fait avec parcimonie. Les touches d'humour qui viennent systématiquement désamorcer les discours pseudo-scientifiques paraissent trop automatiques pour être vrais. Le film semble avoir du mal à trouver un juste milieu, entre pur sérieux et second degré.
En somme, en dépit de défauts évidents, "Godzilla 2 : King of the monsters" n'en demeure pas moins un sacré spectacle, rempli de morceaux de bravoure pour la plupart assez bien fichus qui ravira les amateurs de "films de monstres" mais qui devrait laisser sur la touche tous les autres qui avaient apprécié le côté plus psychologique (mais aussi inégal) du 1er opus.