Alors OK, je n'étais pas de la meilleure humeur qui soit lorsque je suis allé le voir, mais je ne pense vraiment pas que cela aurait changé grand-chose. Déjà que le premier (comprenez celui signé Gareth Edwards) ne m'avait pas trop plu, mais là... L'un des (très) nombreux problèmes n'est pas une surprise : le scénario. Non pas que je demande aux auteurs d'écrire un chef-d'œuvre pour un tel film, mais là, on frôle la faute professionnelle.
J'ai rarement vu un titre aussi déstructuré, incompréhensible, ne se donnant jamais la peine de se poser deux minutes pour expliquer, apporter un peu de clarté. Tout pour l'action, et tant pis pour les ambitieuses volontés de traiter la question écologique et les différentes formes de vie sur Terre, dans le meilleur des cas mal intégrées, au pire douteuses. Trop de personnages (dont pas mal inutiles) aux rôles mal définis et ne laissant que peu de place à un casting pourtant conséquent pour s'exprimer, un flou géographique intersidéral autour des déplacements d'un pays à un autre (je sais qu'ils ont une technique très développée, mais à ce point), rendant à peine lisible la simple évolution du récit tant nous sommes trimballés d'un endroit à un autre sans ménagement.
Cela en devient vite inintéressant au possible, même certains éléments pourtant essentiels à l'intrigue prêtant à confusion. Et sans doute est-ce parce que j'ai grandi que j'ai plus de mal avec ce genre de choses, mais les gros monstres qui se foutent dessus sans la moindre raison, sans que l'on cherche une seule seconde à justifier cette animosité, je ne marche pas. De la baston ? Carrément pour ! Encore faut-il qu'elle soit un minimum plausible. Au milieu de tout ça, Godzilla ferait presque de la figuration, ce qui aurait pu être intéressant si cette absence avait su créer une attente, ce qui n'est même pas le cas, surtout qu'on commence à connaître un peu l'engin depuis le temps.
Alors certes, il y a (beaucoup) d'argent, l'univers visuel global, mettant l'accent sur le bleu, est de bonne facture, tout comme les décors, dont le gigantisme rend plutôt bien sur grand écran. J'aurais même pu réellement apprécier s'il n'y avait pas tous ces combats illisibles entre créatures géantes, empêchant toute immersion dans des moments censés être le clou du spectacle. Mais bon, les producteurs se disent que de toute façon cela va cartonner, alors pourquoi se donner la peine de faire un bon film ? Des effets spéciaux, un minimum de taf pour que l'emballage fasse envie et le tour est joué ! Proposer un récit aussi indigent au spectateur est juste un manque de respect, renforçant mon triste constat qu'il est devenu presque impossible aujourd'hui de produire un blockbuster digne de ce nom tant l'amour du travail bien fait passe loin derrière la satisfaction d'empocher les millions. J'ai simplement envie d'écrire : l'un n'empêche pas l'autre, bien au contraire...