Le nouveau volet de la franchise du MonsterVerse initiée par Godzilla en 2014 se concentre principalement, comme le titre et les bandes annonces l’indiquent, sur un nouvel affrontement titanesque entre le reptilien ultra vénère et le gorille de plus en plus expressif (ils se sont déjà affrontés en 1963 avec King Kong contre Godzilla), pour rester ou devenir le roi des monstres, respectivement. Mais pendant ce temps, certains humains découvrent un monde nouveau, la Terre Creuse, tandis que d’autres font tout leur possible pour terrasser les monstres, qu’ils soient du bon ou du mauvais côté. Le réalisateur Adam Wingard (que l’on doit les remakes de Death Note et de Blair Witch) signe là son tout premier blockbuster, et est déjà considéré comme un gros succès, que ce soit aux Etats-Unis ou dans le monde, malgré la crise et la sortie hybride sur la plateforme de streaming HBO Max, signe que les salles de cinémas ne sont pas vraiment mortes (n’est-ce pas, le PDG de Netflix ?). Ce succès est dû notamment au changement de direction que Warner Bros et le metteur en scène ont voulu donner au film, à savoir mettre plus l’accent sur les titans que sur les humains ; cela se voit énormément dans le marketing et dans le film lui-même. Un choix également poussé par les résultats plutôt médiocres au box-office de Godzilla 2 en 2019 et son intrigue humaine pas très intrigante, ou encore le premier Godzilla, qui est l’exact opposé de Godzilla vs Kong sur quasiment tous les niveaux, et qui passe encore à travers de la gorge de bon nombre d’aficionados (pas autant que Godzilla 98, loin de là). Un blockbuster popcorn qui veut renouer avec les fans donc, et qui réussi sa mission, mais quand est-il de la qualité du long-métrage ? Est-ce que ce sacrifice de personnages est tout bénef pour GvK ? Eh bien…


Moins d’humains… plus de problèmes


C’est peut-être l’un des volets de la franchise, avec Kong : Skull Island, les plus pauvres en termes de récit, et ce n’est pas une surprise à ce niveau, mais en regardant GvK, on a l’impression que cette simplification a été poussé véritablement à l’extrême ; il n’y a eu aucun effort pour rendre ces personnages un minimum intéressant, il n’y a peu ou pas d’évolution interne, le script leur donne un point de départ, mais leur conclusion est quasi inexistante. Par exemple, Madison Russell (Millie Bobby Brown), dont elle a subi une situation assez tragique dans Godzilla 2, s’en va pour une quête, découvrant avec ses amis un complot. C’est un bon point de départ pour le personnage, mais le récit va la donner beaucoup moins d’importance. Le Dr. Nathan Lind (Alexander Skarsgård), ancien employé de Monarch, ayant subi une tragédie familiale, est missionné pour une expédition spéciale. Encore une fois, bon point de départ, mais son rôle est réduit de plus en plus dans le récit. On pourrait comprendre aussi que l’un des antagonistes du film, Walter Simmons (Demián Bichir) à l’objectif de détruire les monstres, car il veut probablement sauver l’humanité de la menace que peut représenter les titans… Mais cet aspect est vaguement mentionné, et se retrouve dans l’éventail de méchants aux motivations simplistes. Et ce sera pareil pour les autres personnages, ils ont des points qui aurait permis au spectateur de les découvrir d’avantage, et peut-être même de s’investir dans leurs aventures, mais la décision du réalisateur et du studio ne permet absolument pas ce genre d’introspection.


Le script prend aucun risque aussi dans sa structuration, rendant les enjeux classiques, les personnages allant d’un point A à un point B presque sans encombre, parfois avec une facilité déconcertante. Des civils qui s’infiltrent dans une entreprise sans se faire prendre, qui se retrouvent comme par hasard dans un véhicule de transport allant à environ 1000 km/h en une poignée de secondes, allant convenablement vers le lieu de rencontre final des personnages, à Hong Kong. Pareil pour ceux qui vont en expédition vers la Terre Creuse : d’une part, lorsqu’on est sous la terre, on ne peut pas voir le soleil… alors d’où vient ce gros rayon de soleil qui illumine tout le paysage ? Y’a-t-il un trou béant ? Que quelqu’un m’éclaire. De plus, on parle d’un phénomène d’inversion de gravité lorsque l’on veut traverser de l’autre côté, qui a fait perdre la vie à plusieurs personnes, car les véhicules n’étaient pas conçus pour une telle contrainte. Mais grâce à la technologie, ils peuvent y aller sans aucun soucis… Vous voyez, c’est ce genre de films à gros budget qui vous demandera de ne pas trop regarder dans les détails pour ne pas gâcher l’expérience de visionnage. C’est dommage que les scénaristes aient mis si peu d’efforts dans l’écriture, cela a été encore une fois un choix délibéré, mais quand même…


LA BAGARRE !!


Mais les fans sont là pour une chose, et une chose seulement : voir les deux monstres mythiques du cinéma se mettre des castagnes en pleine tronche. Et c’est là que Adam Wingard s’amuse comme un enfant. Il utilise tous les stratagèmes à sa disposition pour rendre ces scènes attrayantes et lisibles : les couleurs, comme pour Godzilla 2, sont vives, mais cette fois ici, les palettes de couleurs sont élargies (au lieu du jeu de couleurs bleus/oranges) : on peut passer d’une couleur orangée d’un paysage pendant un golden hour (le metteur en scène les adore), à du multicolore lors de la séquence finale à Hong Kong, qui fait clairement penser à Pacific Rim. Les lumières sont bien présentes, nous évitant les nuances sombres utilisé dans Godzilla 2014, renforçant la lisibilité des combats. Puisque l’on parle des combats, on peut constater que le réalisateur utilise des mouvements de caméra ultra rapides, qui tente de suivre coûte que coûte les titans ; il s’approche le plus près possible des monstres, parfois il accroche les caméras sur les monstres (oui, oui) pour une immersion totale, tel un match de sport. Personnellement j’accroche au délire, mais certains vont trouver que le style employé ici casse un peu le réalisme, et la sensation de grandeur, chose que Gareth Edwards avait réussi à l’époque avec le Godzilla 2014. Ici, le dynamisme et la sensation de mouvement est plus mis en avant, ce que beaucoup de personnes pourraient adorer. De plus, on peut voir les titans utiliser leurs environnements à leurs avantages (Godzilla et l’océan, et Kong, la terre), ce qui donne de bons moments de bagarres. On peut voir Kong remettre son épaule en le tapant dans un immeuble, un possible clin d’œil au cultissime L’Arme Fatale et à son personnage Martin Riggs, ou encore une prise que le gorille effectue sur Godzilla, qui est une référence directe à King Kong contre Godzilla. La mise en scène est aussi sublimée par les effets visuels, qui sont quasi impeccables. Il y a des petits défauts notamment lorsqu’il y a un peu de simulation d’eau, mais je cherche la petite bête. C’est bien fini, elle ne fait pas tâche au film, c’est beau, c’est bon. En somme, l’aspect fun du film est plutôt réussi il faut l’avouer, et rend l’ensemble plutôt passable. Mais ce n’est pas le seul point positif.


La bande-son de Junkie XL est parfois assez sublime, lorsqu’il ne nous balance pas de grosses caisses et de grosses cuivres violentes dans les oreilles. Le thème de Godzilla est ultra simpliste, voir trop, mais on sent que tout ses efforts ont été mis pour accompagner les scènes avec King Kong et sa protégée, Jia (jouée par Kaylee Hottle). Là, les instruments se diversifient de plus en plus, allant du synthé au rendu agréable (joliment démontré lors de la traversé de la Terre Creuse), à des instruments plus traditionnels, qui font penser au lieu où la fille et Kong vivent. Mais après avoir lâché une partition énervée typique du faiseur lors de la dernière partie du film, la musique se transforme une fois de plus, laissant plus de place à une composition orchestrale, parfois émotionnelle, ce qui est assez inattendue de la part du compositeur, c’est des petites surprises comme cela qui permettent de relever la qualité de sa musique, ce qui donne un résultat beaucoup plus satisfaisant que son travail sur le Zack Snyder’s Justice League.


Conclusion :
Vous aurez compris, ne venez pas voir Godzilla Vs Kong pour ses personnages passés à la trappe, ne regardez pas trop près l’histoire, venez juste confortablement devant votre écran, et profitez du combat et de ses visuels. C’est un peu con, mais c’est bon. (Après si vous voulez un film de monstres avec les mêmes visuels mais qui est plus réaliste et donne son temps à ses personnages, regardez Pacific Rim).


P.S. : Godzilla 2014 c’est le meilleur de la saga.


LA NOTE TITANESQUE : 5.4/10

LucasCR
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le 9 avr. 2021

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