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Voulant éviter à tout prix un autre film Netflix, Thunder Force, dont les critiques en font état d’une mauvaise comédie super-héroïque, j’ai décidé de me porter sur une production coréenne, distribué lui aussi sur le service de streaming au N rouge le même jour, à savoir Night in Paradise. Ecrit et réalisé par Park Hoon-jung, celui qui a coscénarisé l’excellent et ultra-violent J’ai rencontré le diable en 2010, Night in Paradise est un thriller dramatique/action qui raconte l’histoire de Tae-Gu (Tae-goo Eom), pourchassé par des membres de la mafia. Il est amené à se cacher sur l’île de Jeju pendant une semaine, où il va faire la connaissance de Jae-Yeon (Yeo-bin Jeon), une fille qui a perdu le goût de vivre à cause de ses problèmes. Pendant ce séjour, tous deux vont se créer un lien d’amitié. Night in Paradise fait partie des surprises de 2021, pas pour ces scènes d’action, mais pour son histoire, plus engageante que vous pouvez le penser.


Ce qui ressemble s’assemble


Dès le début, le film annonce littéralement la couleur. Son esthétique assez sale, du grain présent dans l’image, des choix de colorimétrie allant du bleu au vert/jaunâtre, et un climat pluvieux qui n’inspire guère la joie : la photographie du chef-opérateur Young-Ho Kim et la mise en scène visualise une atmosphère terne, triste, qui ne va pas laisser au spectateur une once d’espoir pour son histoire et pour ses personnages. L’histoire de ce mafioso coréen dont sa tête est mise à prix n’est peut-être pas exceptionnelle, mais cela va permettre au réalisateur/scénariste de se concentrer beaucoup plus sur ses protagonistes. Ces derniers vont être les représentants du thème central de Night in Paradise, et qui est l’élément qui brille de qualité : la fatalité de la mort. Tae-Gu et Jae-Yeon sont liés par leurs fatalités, l’un ayant signé son arrêt de mort en commettant un meurtre, l’autre vivant avec une maladie grave, martelée par des pensées suicidaires. Tous deux ont vécus un drame personnel qui les ont changés, et pas forcément de la meilleure des manières. Ils sont convaincus que leurs vies vont prendre bientôt fin. Malgré tout, ils essaient de se compléter et de combler leurs lacunes. L’écriture des personnages ici est superbe, le récit atteignant par moment une certaine mélancolie. Cependant, Jae-Yeon peut se révéler être assez énervante pour certains, mais il faut comprendre son cheminement pour assimiler son comportement. Enfin, la performance des deux acteurs sont solides.


Être coupé dans son élan


Ce moment passé avec les personnages rentre cependant en conflit avec son intrigue criminel, qui semble ne pas être en phase avec le reste du film. Il est juste là pour nous faire rappeler les enjeux tout au plus, en montrant les mécaniques du gang. C’est la partie la moins intéressante du film, et c’est aussi ces éléments scénaristiques qui va faire retomber le cheminement des personnages dans son 3ème acte, qui n’est pas une déception en soi, mais qui échoue à atteindre ou à bien accomplir le développement des personnages, pourtant si rondement mené dans sa deuxième partie. Le réalisateur semble avoir oublié l’aspect action de son film, alors il nous balance ces séquences de combat qui, certes, ne sont pas désagréables à regarder (malgré quelques effets spéciaux légèrement mal foutus), mais ils ne servent pas vraiment de propos par rapport à son récit, contrairement à J’ai rencontré le diable, dont son récit torturé pouvait se permettre de déborder vers le gore, car c’était l’une des colonnes principales du long-métrage. Ici, ce sont des scènes d’action violentes qui sont plus là pour faire bouger les choses, et qui desservent un peu le propos du film. De plus, cet aspect action va se faire plus petit dans sa deuxième partie, pouvant faire perdre patience au spectateur qui s’attendait sûrement à autre chose, juste car Hoon-jung n’arrive pas totalement à équilibrer les intrigues.


Conclusion :


Moins un thriller sanglant qu’un drame, Night In Paradise brille par ses personnages et ses thématiques autour de la fatalité, pour un résultat captivant et convaincant, malgré un jonglage entre les deux intrigues un peu déséquilibrées, et un climax un peu plus classique. Néanmoins, c’est un bon moment de cinéma.


LA NOTE FATALE : 6.6/10

LucasCR
7
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le 11 avr. 2021

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LucasCR

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