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Je vais essayer d'expliquer les sentiments que m'inspirent le film (attention spoilers).

Le succès de James Bond tient à quelques aspects que je comprends aisément.

A la manière d'un Indiana Jones, dont le réalisme des situations et la plausibilité des scènes d'action n'est pas le souci premier, c'est dans l'identification au héros que se situe l'intérêt d'une telle production. Ainsi on rêve d'être un espion sauvant le monde des griffes d'un allemand et d'un coréen obèses, assistés de leurs sbires (bridés cela va sans dire) ; ainsi on rêve d'être un séducteur auquel aucune femme ne résiste ; ainsi on rêve d'avoir un humour en toute occasion et un sang-froid immense.

Ensuite, il faut signaler la présence d'un Sean Connery incarnant à la perfection le héros - que dis-je le surhomme - britannique. John Barry accomplit un travail remarquable pour la musique puisqu'il compose un thème inoubliable avec au générique la voix de Shirley Bassey (générique d'une grande recherche visuelle qui mérite de figurer au top 10 des meilleurs génériques de début).
Enfin, je signalerais les gadgets très intéressantes ainsi que la sublime Aston Martin DB5 aux outils tous plus réussi les uns que les autres, et bien sûr la beauté des décors intérieurs et extérieurs.

Cependant, je ne suis pas fan de James Bond.

Et, en tant que spectateur du 21e siècle, je n'ai pas la mise en contexte suffisante. De ce fait, mettant de côté une photographie relativement belle, la performance de Connery, l'humour (qui hélas ne m'a pas fait rire) et la musique agréable de John Barry, il ne me reste plus grande chose à se mettre sous la dent.

L' invincibilité de James Bond est la première chose qui m'exaspère ; le sachant invincible et à l'abri de la moindre blessure, je me sens la plupart du temps détaché de l'action. D'autre part, je tiens à dire que cette manie de se faire capturer par son adversaire est assez risible, d'autant qu'il est toujours traité en invité de marque et rarement comme un dangereux espion britannique.

Je n'ai pas l'habitude de critiquer un film sur son idéologie ou l'image qu'il donne d'une époque, mais je dois avouer que le relatif racisme du film et sa misogynie m'ont finalement exaspéré. Les asiatiques sont tous dépeints en tant que sbires cruels, stupides et facilement éliminables (certes cela fait partie du cahier des charges, mais là c'est faire preuve d'un manque certain d'originalité). Et quant aux femmes, elles sont rabaissées la plupart du temps à de simples objets de fantasmes : soit pour le spectateur autour de la piscine du début du film, soit pour James Bond en personne. A titre d'exemple, lorsque James Bond fait perdre à Goldfinger sa partie de cartes, c'est bien évidemment la femme qui sera exécuté ; lorsque l'on découvre un personnage féminin au caractère fort (appeler avec subtilité "Pussy Galore" soit en français "chatte à gogo" (!)), on assiste à un viol qu'on prétend dissimuler derrière le charme (et la violence) de James Bond, alors même qu'elle avait exprimé son refus à plusieurs reprise et était largement en mesure de se débarrasser de lui.
Apparemment, il fallait ça à l'époque.

Le dernier point que je tiens à soulever concerne les moments ridicules du film. Lors de la partie de golf, il s'installe une certaine tension, immédiatement désamorcée par le chapeau découpeur de tête de statue (?) et la balle de golf écrasée par le coréen au creux de son poing ; ou bien lorsque l'on accélère l'image, cela ne ressemble pas à une image plus rapide mais rien de plus qu'à une image normale qu'on a accéléré ; ou bien le rayon laser découpeur d'or qui manque d'atteindre l'entrejambe de Sean Connery (immense perte, cela se conçoit aisément) ; ou bien, lorsque le gaz neutralisant est dispersé (idée intéressante au demeurant), on voit les militaires s'effondrer immédiatement avant même que ce gaz n'ait eu le temps de se disperser et d'agir.

Ce sont des détails, mais c'est justement les détails qui font j'ai envie de croire ou non à l'univers de James Bond.

Bien sûr, le film a eu une grande influence sur son genre, et sur le cinéma en général ; en témoigne les clins d'oeil dispersés dans les OSS d'Hazanavicius, ou bien cette scène de Kick-ass où une voiture se trouve réduite en miette dans une casse automobile.

Pardonnez mon manque d'enthousiasme.

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le 27 août 2022

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Quentin Pilette

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