Quel plaisir de se laisser surprendre par un petit film dont on attendait strictement rien ! Voilà ce que je me suis dit immédiatement après avoir regardé Grabbers , un film acheté pour à peine 2 euros en solderie. Moi qui m'attendais à une énième série Z shooté avec les pieds et digne d'une production Asylum je me retrouve en face d'une formidable petite comédie fantastique à l'indéniable capitale sympathie. Grabbers est tout simplement un petit coup de cœur d'autant plus agréable qu'il arrive exactement là ou j'étais loin de l'espérer.


Grabbers raconte l'histoire d'un paisible petit village irlandais situé sur l'île d'Erin qui se retrouve confronté à d'étranges phénomènes depuis qu'une mystérieuse lumière est tombée dans la mer. Des pêcheurs ont disparus, des baleines viennent s'échouer sur les plages de quoi occuper un policier local régulièrement bourré et sa nouvelle assistante tout juste arrivée sur cet île.


Grabbers c'est avant toute chose une belle ambiance et c'est avec plaisir que l'on plonge immédiatement dans ce petit village irlandais de pêcheurs avec ses habitants pittoresque et son indispensable pub. Le film me fait penser au très sympathique Loch Ness de John Hendreson et on retrouve une nouvelle fois des personnages, un univers et des paysages qui donnent envie de passer bien plus de 90 minutes de fiction en leur compagnie. Le film par sa facture classique et son univers rappelle également les productions fantastique des années 80 et Grabbers fait parfois penser au Blob et le film rend d'ailleurs aussi un hommage amusant à Gremlins au détour d'une scène durant laquelle des créatures s'emparent du pub.. Sur un tempo parfaitement calibré Jon Wright installe ses personnages et son petit univers, prend son temps pour exposer sa créature à l'image et conduit son récit sans avoir besoin du moindre artifice. Pas d'effets de montage ou de camera frénétique, pas de profusion gratuite d'effets gore pour faire sensation juste un récit carré, efficace et bourré (c'est le cas de le dire) d'humour.


Malgré son budget réduit Grabbers propose des créatures extra terrestre en CGI plutôt réalistes et crédibles à l'écran. Les monstres de Grabbers ressemblent à des poulpes bleus géants croisés avec des pieuvres tentaculaires qui sucent le sang de leurs victimes avec une langue rétractable comme un caméléon. Le genre de créature improbable et difficile à faire vivre de manière crédible sur un écran, pourtant Jon Wright y parvient parfaitement et c'est un pur bonheur de voir cette bonne grosse bestiole se déplacer en roulant sur elle même comme une boule géante grâce à ses nombreuses tentacules. Même si l'orientation globale du film penche plus vers la comédie que le frisson, on sent que Jon Wright a porté un soin tout particulier à rendre son monstre crédible, inquiétant et même assez spectaculaire.


Mais l'immense capitale sympathie du film tient surtout à l'humour so british et l'évidente bonne humeur de l'ensemble. Grabbers n'est d'ailleurs pas très loin de l'esprit des films de Edgar Wright et c'est avec un immense plaisir que l'on suit les aventures de ce petit village irlandais tentant de résister à l'envahisseur avec ses maigres armes. Sans jamais tomber dans l'humour facile ou gras, sans jouer du clin d'œil référentiel trop appuyé, *Jon Wright e*t son scénariste Kevin Lehane vont construire une comédie conduite tout simplement sur le bon tempo. Gags visuels, répliques bien sentis, situations rocambolesques, Grabbers possède de nombreuses facettes à son humour et l'idée générale pour échapper et s'immuniser face à cette menace extra-terrestre est assez géniale (dommage même qu'elle soit autant mise en avant dans les résumés du film).


Il faut aussi saluer le très bon casting du film qui ne comporte aucune star mais une solide bande de comédiens britanniques certes assez peu connus mais facilitant l'adhésion immédiate aux personnages. Richard Coyle incarne un flic un poil désabusé et alcoolique avec beaucoup de classe, Russel Tovey un scientifique peu enclin à l'action et dépassé par les événements, Lalor Roddy vu notamment dans Hunger incarne peut être le personnage le plus drôle du film avec Paddy Barrett un vieux pêcheur portée sur la bouteille et David Pearse est lui aussi parfait en patron de son pub bien plus que de son couple. Les amateurs et fans nostalgiques des Commitments de Alan Parker retrouveront également avec beaucoup de plaisir Bronah Gallagher qui incarne ici la femme forte du patron du pub. Et puis il faut saluer la jolie performance de la très jolie Ruth Bradley en jeune femme flic découvrant les mœurs de ce petite village, la comédienne est extrêmement drôle et elle parvient même à jouer avec justesse et sans en faire des tonnes la fille complètement bourrée, ce qui est loin d'être un exercice facile.


Grabbers est donc une très bonne surprise, le genre de petit film qui donne toute sa noblesse à la série B et permet de passer un excellent moment. On ne peut que souhaiter à Jon Wright de connaître la même carrière que son homonyme et continuer à nous faire des films aussi sympathiques et attachants.

freddyK
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le 8 mars 2020

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Freddy K

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