Pourquoi croqueuse ? Et pourquoi pas croqueur ?
Pourquoi d'hommes ? Et pas d'femmes ?
C'est vrai que c'est moi qu'ai choisi les mots. Mais on est d'accord que c'est une expression, et qu'en vrai j'ai pas vraiment choisi.
Pourquoi c'est la femme qui est croqueuse ? Et pourquoi c'est l'homme qui est craquant ?
Je pose ces questions j'ai déjà peur d'être misogyne.
Je sors de textes qui m'aident pas faut dire.
Le diable de Tolstoï. The Werewolf d'Angela Carter. La négresse blonde de Georges Fourest. Et maintenant Grave...
Toujours des femmes qui semblent avoir un peu la dalle... ce sont des métaphores bien sûres, mais à force on se demande.
J'ai par le passé fréquenté une sangsu(e) qui me dit un jour, me parlant de sa passion, qu'en littérature il fallait varier les points de morsure, pour pas que ça s'infecte.
Si je l'avais écouté(e), je n'aurais pas lu cette semaine tant d'histoires sur des femmes cannibales.
Ça te monte à la tête, comme le sang quand t'es à l'envers.
Me croquer le crâne serait salissant ce soir. Je vous préviens Mesdames.
Sailor et Lula, sous la caméra de David Lynch, sont venus tempérés mon infection.
Ils sont dans les vieux standards eux, à la Elvis.
You have made my life complete,
And I love you so.
La femme périphérique, et le garçon qui combat pour le bonheur du couple.
Rien d'anthropophage là-dedans. Quoique l'homme tue d'autres hommes, et semble un peu fou. Et que la femme vers les trois quarts s'emmerde.
Elle constate : « Wild at heart... but Weird on top ».
On dirait qu'elle parle de la négresse blonde, d'ébenne au centre et d'or au sommet.
C'est une métaphore c'est sûr.
N'empêche que dans ma tête ça fait polémique maintenant. La femme est cannibale ou périphérique ?
La polémique, je me demande quel goût ça a.
La polémique c'est grave, comme Grave. Grave est polémique d'ailleurs je crois. C'est pas grave. C'est un film polémique qui parle de polémique d'ailleurs, c'est tout.
C'est sûrement une métaphore. Encore.
Est-ce qu'à force de se disputer sur ce que l'on devrait manger, on n'en finit pas par se bouffer les uns les autres ?
Comme le dit à sa fille le papa qui se fait manger par sa femme : « t'inquiète chéri, toi tu trouveras une solution. »
C'est cynique je crois.
Grave parle surtout de l'humanité cannibale, femmes incluses. Et non périphériques. On dira ce qu'on voudra, c'est la modernité. Les femmes se mettent à manger comme les hommes. Anthropophages. Et les hommes n'ont rien à dire, ils ont donné l'exemple. Ils le donnent peut-être même encore un peu. Avec réticence cela dit, paraît-il.
Ils sont peut-être juste un peu surpris de voir surgir l'appétit trop longtemps refoulé.
Ça promet du spectacle. Et de la polémique. C'est pareil de toute façon.
Ce que je dis est peut-être grave. Ce n'est rien je vous assure, seulement quelques mâchouilles Peut-être quand même, cela dit, que je touche au nerf du film.
C'est ptêt pour ça que j'sens qu'ça vibre en moi.