Une gazelle, c'est exotique dans un zoo à Montreux, pas dans la savane.
Un labrador, c'est exotique sur l'Everest, mais pas sur une plage bretonne à faire chier les crabes.
Et bien voilà c'est un peu comme ça que ça marche le luxe. C'est une histoire d'habitude.
Prenons un exemple du film : le champagne.
Il y a des manières raisonnables de gâcher le champagne, et des manières luxueuses.
Il y a le bateau mouillé et le cheval bourré.
C'est une histoire de savoir-vivre.
C'est une éducation.
Or la notion du luxe et du légitime, on ne nous l'apprend pas directement, et pourtant on nous l'apprend quand même, à l'école qui plus est... disons qu'on l'apprend tout seul entre les lignes du manuel, malgré nous.
C'est pas compris dans la leçon, c'est compris dans les flonflons.
Petit extrait d'un bon livre que j'ai pas fini, ça s'appelle Je suis comme une truie qui doute, un enfant lit son livre d'anglais à l'école, il observe les situations des personnages présentés par le livre :
L'enfant tire des conclusions inattendues, du genre : pour bien parler anglais, il faut avoir une bonne. Par conséquent c'est pas pour moi.


On voit rarement un bateau escaladé une montagne dans nos livres d'allemand... disons que ce n'est pas courant, donc forcément personne n'essaie.
On se dit c'est du luxe.
On est devant cette idée comme un indien d'Amazonie devant un pain de glace.
Aller sur la Lune par contre, ou manger des fruits qui prennent l'avion, ça passe.
Merde, on pensait pas s'être fait tant que ça niquer à l'école, mais d'après la truie qui doute on peut pas y échapper, toujours dans le livre d'anglais de l'enfant :
Cela intuitivement bien sûr ; c'est diffus, ça n'est pas raisonnée. C'est seulement là en filigrane… mais le môme, il a des yeux partout ! – d'autant que ça le frappe pas, lui, la structure grammaticale de l'ouvrage, la progression et le bien-fondé des exercices. On lui donne un livre : ce qu'il voit c'est le contenu, les images.
C'est comme la légitimité, peu importe ce que tu dis ce qui compte c'est que tu passes à la télé.
Après t'as les sales gosses comme Werner Herzog et Fitzcarraldo qu'ont prévu de faire du cinéma et de l'opéra
ou d'enfiler des perles peu importe.
Peuvent bien essayer ce qu'ils peuvent les manuels d'éducation civique,
forcément les petits fous ils ont le nez en l'air ils regardent pas les images, vu qu'ils en ont plein la tête.
Tellement plein la tête qu'à un moment leurs idées veulent s'incarner.
Et vu qu'ils ont pas d'éducation*, ils ont toujours tendance à se dire de tout que c'est pas du luxe.
Dans Into the inferno, Herzog voudrait nous dire qu'on n'est pas grand chose, des petits trucs en péril sur un océan de lave. Et des plaques qui dansent la tectonique.
Alors la notion même du luxe devient presque absurde.


Herzog est allé trop loin paraît-il sur Fittzcarraldo, sombre histoire... la fiction rassure.
J'ai pas vérifié ça m'angoisse.


C'est un rêveur comme on le dit parfois de ceux dont les rêves cherchent à devenir réalité.
Pour le pire et pour le meilleur.
Fascinants et terribles.
On fait voler des bateaux et on explose des montagnes.
Et au bout du compte...
Rien n'est jamais gagné,
Tout se transforme.


*Pas d'éducation, pas d'éducation, c'est vite dit quand même… toutes ces folies finalement c'est quand même pour l'opéra. Et l'opéra c'est clair, c'est un complot des livres d'allemand.
Faut bien écouler les stocks de Wagner.

Vernon79
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le 25 juin 2018

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Vernon79

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